Peut-être pas le meilleur sujet pour fêter la nouvelle année. Mais je ne peux pas m’empêcher de penser aux 141 500 personnes sans domicile en France. Jusqu’au 28 décembre 428 SDF sont morts dans la rue, souvent de froid. Une honte ! Je crains fort qu’avec la crise que nous connaissons les statistiques futures seront à la hausse. Les victimes ne sont pas seulement des asociaux, loin de là. Souvent des gens issus des classes moyennes ayant perdu leur boulot, leur famille et qui par désespoir croient pouvoir survivre grâce à l’alcool. Des destins tragiques où la solitude, le manque de solidarité et l’indifférence les poussent dans un cul-de-sac. Certains d’entre-eux refusent l’aide de la communauté, ne veulent pas perdre ce qu’ils considèrent comme étant leur liberté. Souvent des dépressifs qui n’ont plus la force de nager à contre-courant. À minuit on a sablé le champagne, ouvert la boîte de foie gras et fait éclater des pétards. Tout cela au nom d’une nouvelle année que nous souhaitons évidemment prospère. Lorsqu’on lit ce que la plupart d’entre-nous souhaite, c’est de l’argent, de l’amour et la paix. Nous en sommes loin et le savons. Pour la faire régner il faut commencer à prendre conscience de se qui se passe à proximité. Il y a avant tout le chômage et la déchéance qui s’ensuit. Dans tout ce brouhaha festif, la pauvreté fait l’effet d’une visite inopinée. Le parent pauvre que nous ne voulons pas recevoir. Pour ne pas sombrer dans des scrupules, nous nous disons : c’est bien de leur faute s’ils sont dans une telle situation. Un argument qui n’est plus valable lorsque tout un pays sombre de plus en plus dans la précarité. Qui aujourd’hui est en mesure de jeter de l’argent par la fenêtre, pourrait être demain un SDF. Il n’a plus de garantie. Le long terme est devenu une utopie. Les emplois sûrs sont des denrées rares. Mais personne ne veut volontiers l’admettre. On continue à consommer sans penser aux lendemains. Dans le démembrement des structures que nous connaissons, seule une autre manière de vivre pourrait tout au moins freiner la déchéance. On en est loin ! Lorsqu’on voit les gens se ruer dans les magasins, il est permis de se demander s’ils ont toute leur raison. S’endetter pour faire la fête, pour se prélasser sur une plage, pour passer pour qui on n’est pas est une constante de notre époque. Évidemment tout cela pour étouffer ses angoisses. Les morts de froid nous rappellent constamment ce qui pourrait advenir de nous. La raison pour laquelle nous préférons regarder ailleurs ! Pour 2015 je souhaiterais un peu plus de justice, de compréhension pour les plus démunis d’entre-nous. Au lieu de fustiger les requérants d’asile, je trouverais opportun de les recevoir dignement. De ne pas les pousser dans la précarité. Il ne faut jamais oublier que nous aussi pourrions nous retrouver dans une telle situation. Que dirions-nous si nous étions reçus comme des va-nu-pieds ? Je ne crois pas que nous serions enchantés !

pm

http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2014/12/30/les-sdf-ne-meurent-pas-seulement-en-hiver_4547341_4355770.html

Pierre Mathias

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