Maintenant c’est chose faite, il y aura d’ici peu des élections législatives anticipées en Grèce. Le parti d’extrême-gauche d‘Alexis Tsipras, le Syriza, risque de les gagner. Aux Européennes il avait récolté 26,7% des voix. Dans un pays où le revenu moyen a chuté de 35% avec 25,7% de chômeurs au mois de septembre, un tel pronostique n’est pas étonnant. La gauche radicale ne veut pas sortir de la zone Euro mais préconise une remise de deux tiers de la dette publique et la fin de la politique de rigueur. Cela impliquerait aussi la hausse du salaire minimum et l’instauration d’une clause de développement. Est-ce une utopie ? De la poudre jetée aux yeux de citoyens désespérés ? Je pense que ce programme est avant tout démagogique. Monsieur Tsipras sait parfaitement bien que les caisses sont vides et qu’il ne sera pas possible de réaliser ce qu’il avance. Il faut appeler une faillite par son nom, non pas l’ignorer. Il est vrai que le gouvernement d’Antonis Samaras n’a pas encore pu inverser la vapeur. Les économies draconiennes ont certes occasionné une trêve, mais sans l’apport de près de 240 milliards d’Euros provenant de Bruxelles et du FMI, la Grèce, avec des arriérés de 71,5 milliards, aurait dû mettre la clef sous le paillasson. Si le Syriza devait être vainqueur, ce qui est prévisible, le pays se trouverait dans une situation pire que ce n’est le cas aujourd’hui. Ce qui se passe à Athènes est un aveu d’impuissance de l’UE. C’est la démonstration que des économies sans un véritable programme de relance, mènent dans un gouffre. Le peuple a perdu espoir et c’est ce qui l’incite à jouer à la roulette russe. La politique allemande a échoué, qu’on le veuille ou non. Il ne peut y avoir de la rigueur, que si les citoyens sont prêts à la soutenir. Sans une once de perspectives ce n’est pas possible. Je comprends parfaitement bien que les bailleurs de fonds puissent en avoir plein les basques, mais sans une remise partielle de la dette, je ne vois pas de solutions. À moins de faire couler la Grèce, de la laisser livrée à son propre sort. Cela irait à l’encontre de l’esprit de solidarité de l’UE. D’autres pays pourraient être tentés de quitter le bateau, plus par dépit que par pragmatisme. Sans aucun doute nous nous trouvons dans un dilemme. Le sauve-qui-peut sera d’ici février à nouveau de mise. Alexis Tzsipras le sait parfaitement bien et sera en mesure de faire chanter la Commission. L’espoir que la coalition actuelle se maintienne au pouvoir est plus que tenu. Il faudra donc composer avec le Syriza qu’on le veuille ou non. Le plan Juncker d’investissements n’est malheureusement pas encore opérationnel . Faire redémarrer une économie dont les structures sont encore du passé, demande beaucoup de temps. Personne en Grèce aura la patience d’attendre. Quand le ventre est vide la révolte gronde. Elle incite souvent les responsables à prendre des décisions hâtives qui ne peuvent que détériorer encore plus la situation. Sauf miracle, ce sera la cas d’ici quelques semaine. Nous nous trouvons tous dans un drôle de pétrin ! Que proposer ?

pm

http://www.lemonde.fr/europe/article/2014/12/29/qu-est-ce-que-syriza-le-parti-anti-austerite-qui-progresse-en-grece_4547085_3214.html

Pierre Mathias

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