La jeunesse aimerait se rebiffer, mais n’ose pas le faire. À part tous ceux qui se trouvent dans la précarité, elle se réfugie dans un calme trompeur. Des écouteurs dans les oreilles et c’est tout ! Sa révolte – s’il y en a une – se retrouve dans le choix de sa musique. Heavy metal est pour certains un exutoire. Mais qui regarde de plus près se rend compte qu’on se trouve plutôt dans un bal masqué. L’aspect extérieur est resté le même, que ce soient les cheveux longs, le noir des habits de scène ou les tatouages. Nous avons à faire à des revenants, mais avec une différence de taille : ils n’ont plus la rage au ventre. Ils ne sont pas prêts à propager l’anarchie, à ébranler les structures rigides de notre société, à « semer la merde ! ». Nous nous trouvons plutôt en face de petits bourgeois qui se déguisent pour l’occasion. Rien à voir avec la révolte des années 60, où des jeunes issus des milieux peu privilégiés de la population blanche aux USA, ont tenté l’essai de s’affirmer. La violence issue de cette musique avait une raison sociologique et était authentique. Aujourd’hui ce n’est plus qu’un mirage. Il n’est pas étonnant, qu’à part certaines exceptions, on se retrouve dans des prestations qui n’arrivent pas à se démarquer. Metal ne peut que subsister en étant « militant ». le phénomène que je décris là est symptomatique pour la situation dans laquelle nous nous trouvons. Grand nombre de personnes parmi nous sont conscientes qu’il nous manque la force de tout remettre en question. Le matérialisme nous a pourri. La peur de perdre ses derniers acquis nous incite à la passivité. Lorsque j’assiste à un concert, j’ai un certain malaise : celui de me retrouver dans un monde irréel, ou chaque participant essaie de se raccrocher à des chimères, celle d’un passé révolu. La musique est restée tonitruante, mais elle a perdu ses repères. Pour moi le symbole d’un certain désarroi. Elle ne choque plus ; elle rend triste. Il y aurait pourtant de quoi se révolter, de ruer dans les brancards, mais la jeunesse n’a pas la force de le faire. Est-ce de l’impuissance ? Est-ce un sentiment de ne plus pouvoir inverser la vapeur ? Il faut le croire. Ou est-elle comparable à un volcan en sommeil ? S’il y avait une irruption, elle pourrait être horriblement dévastatrice. Une perspective inquiétante. La résurrection d’un mouvement raciste, prônant la suprématie de la race blanche, pourrait en être le résultat. Dans de telles perspectives il n’est pas étonnant que le metal attire aussi les têtes brûlées de l’extrême-droite. Une manière de titiller par les décibels une jeunesse « ras-le-bol ». Y-a-t-il danger qu’elle se réveille ? Je ne saurais pas y répondre ! Tout en regrettant que la passivité ait gagné une majorité, je ne vois pas comment on pourrait faire avancer les choses. Qui provoque la révolte ne sait pas où elle peut mener. À une destruction complète de nos valeurs ? Une raison peut-être de cet état narcotique. Metal en est la démonstration !

 pm

 http://next.liberation.fr/musique/2014/12/26/le-metal-donne-a-ses-fans-une-forme-d-energie-face-a-l-adversite_1170403

Pierre Mathias

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