Jean-Christophe Cambadélis, le secrétaire général du PS, et Claude Bartolone, le président de l’Assemblée Nationale, unissent leurs efforts pour recentrer à gauche le parti lors du prochain congrès qui aura lieu à Poitiers en juin prochain. Comme homme de gauche je devrais me réjouir, mais je ne le fais pas. Il est clair qu’un socialisme sans solidarité envers les plus démunis n’aurait plus de sens. Il en est de même pour une politique progressiste. Mais il y a un hic. Sans apport économique la machine s’enraye comme c’est le cas aujourd’hui pour le gouvernement. Sans le capitalisme, l’ennemi de toujours, il n’y a plus de motivation. La question se pose s’il sert de moteur à l’aile gauche du PS ? On peut aller encore plus loin dans ce raisonnement et prétendre que c’est à lui de financer leur politique. Cela reviendrait à dire que ce n’est que dans le luxe qu’il est possible de la réaliser. Une thèse équivoque qui ne peut pas plaire au peuple de gauche mais qui est une réalité. Que peut-il se passer concrètement à Poitiers ? Le congrès pourrait être enclin d’approuver des mesures, certes justes, mais que personne ne pourra financer. Il ne faut pas être un prophète pour prédire que ce sera de la poudre aux yeux et qu’une telle politique ne pourra jamais être réalisée. Un mensonge électoral, une fois de plus ! Les citoyens ne sont pas dupes. Ils savent parfaitement que sans des caisses bien remplies, le discours de gauche reste de la dialectique. C’est là qu’un observateur averti constatera que le socialisme historique a fait son temps. Je peux regretter la perte de visions en ce qui concerne une forme de société, mais je dois me rendre à l’évidence : seul le pragmatisme a une chance de subsister, ce que je regrette bien profondément. Sans utopies il ne peut pas y avoir d’évolution. Mais c’est ce qui se passe actuellement en Europe, un réel danger politique. Les peuples ne sont plus motivés et se lancent à la recherche de l’irrationnel. Seule l’extrême-droite peut en profiter. Les deux leaders du PS le savent bien et essaient de trouver un médicament pour lutter contre une telle évolution. En ce sens ils n’ont pas torts. Mais ils devraient être conscients qu’ils s’aventurent sur un terrain mouvant, que la partie ne peut pas être gagnée dans de telles conditions. Que faire ? Se renier soi-même ? Devenir centriste ? Là aussi il n’y a rien à gagner. Le seul moyen, et ceci à très longue échéance, serait de définir une nouvelle politique de gauche, plus adaptée aux problèmes que nous connaissons. Je ne peux pas dire quel visage elle devrait avoir, mais sans une réforme fondamentale, nous coulerons. Pour arriver à rénover le PS il faudra emprunter un chemin de croix, au long duquel nous subirons de cuisants échecs. Le congrès devrait le savoir avant de voter un nouveau programme. Mais il est à prévoir qu’il suivra la marche traditionnelle et qu’il approuvera des projets idylliques bons pour la poubelle. Ce n’est guère réjouissant !
pm
http://www.liberation.fr/politiques/2014/12/22/camba-et-barto-le-binome-deneige_1168996