Dans les tourments politiques qui nous agitent tous, il est difficile d’avoir un esprit de synthèse. Je reproche souvent à mes collègues journalistes qu’ils se réfèrent trop souvent aux scoops au lieu de faire une analyse plus profonde de l’événement. J’ai donc pris la décision de me payer le luxe de m’octroyer une pause sabbatique me permettant de potasser certains philosophes, dont Emmanuel Kant, afin de mieux comprendre dans quel monde je me trouve. Je le lis en allemand ce qui me procure certaines difficultés. Malgré un langage assez alambiqué, je fais des découvertes étonnantes concernant l’espace, l’objet et la durée. L’empirisme, dont nous nous réclamons souvent, peut aussi être très extensible, sujet à des interprétations individuelles, malgré des faits objectifs semble-t-il. Tout est mouvant et influencé par nos sens. Une vue des choses synthétique en est probablement la conséquence. Où veux-je en venir ? J’observe ce qui se passe autour de moi, essaye de faire une synthèse, déclare haut et fort une opinion. En lisant Kant je me demande si une telle démarche est possible ? Probablement si elle est limitée dans le temps. C’est peut-être une réponse, mais elle ne peut pas me satisfaire entièrement. Ce que je ressens ne correspond probablement pas à d’autres individus, même si nos vues sont rapprochées. Je vois un objet, mais comment puis-je affirmer qu’une autre personne y aperçoit la même chose. C’est fascinant et angoissant à la fois. La terminologie de la liberté est donc étroitement liée à la dialectique, le seul lien qui semble nous unir ou nous séparer. Mais là aussi c’est une construction factice, car elle est sujet à des sentiments intérieurs, qui trouvent leurs racines dans une grande intimité. C’est un jardin secret dans lequel personne ne peut entrer. Une réalité que je dois admettre en temps que journaliste. Nous avons toujours à nouveau à faire à des réactions que nous ne pouvons pas expliquer. Certaines personnes que nous admirons ou détestons prennent des options qui nous semblent abstraites et qui éveillent en nous un certain désarroi. Les assises, elles aussi, sont mouvantes, comme peut être aussi le fondamentalisme. Pourquoi ? Parce que les réactions humaines sont imprévisibles, guidées par le doute ou parfois aussi par une haine inexplicable. Ma démarche est de tenter de comprendre, et ceci d’une manière subjective, le monde et ses habitants. Objectivement je n’y arrive pas !

 pm

 http://fr.wikipedia.org/wiki/Emmanuel_Kant

Pierre Mathias

Schreibe einen Kommentar

Deine E-Mail-Adresse wird nicht veröffentlicht. Erforderliche Felder sind mit * markiert