Des milliers de manifestants ont exprimé leur colère face à la prise de pouvoir du colonel Isaac Zida au Burkina Faso. C’est grâce au peuple que le président Blaise Compaoré a fui en Côte d’Ivoire. Les uns on fait le boulot, les autres ont récolté les fruits de cette révolte. Un scénario connu, qui a fait ses preuves dans d’autres pays du continent africain. Lorsque le nouvel homme fort déclare qu’il va tout mettre en œuvre pour organiser des élections honnêtes, cela peut être exact mais j’ai de la peine à y croire. Encore moins lorsqu’il déclare que le pouvoir ne l’intéresse pas. Ce qui rend la situation encore plus opaque est le fait que l’opposition n’a pas pu se mettre d’accord sur un leader. Cela crée de la confusion, ce qui n’est pas un atout pour diriger un pays. La démocratie à l’africaine pose certains problèmes. Le premier d’entre eux est la mauvaise répartition ethnique des pays. Les forces coloniales n’ont n’en pas tenu compte et ont créé des nations à la carte et ceci à coup de règles. Des populations, sans liens affectifs, étaient forcées de s’entendre. Cela ne pouvait en aucun cas marcher. La cause d’incessantes violences. Les armées ont dans un tel contexte souvent jouer un rôle à première vue modérateur. Tant qu’il faudra recourir aux armées, l’autodétermination ne pourra jamais s’instaurer. Le mouvement né à Ouagadougou ne pourra pas perdurer dans de telles conditions. Est-ce la preuve que seuls des régimes autoritaires peuvent gouverner en Afrique ? Dans le chaos qui règne actuellement sur le continent noir, ce serait pour beaucoup la première option. Je ne peux pas l’accepter ! Et ceci même en reconnaissant que seul un gouvernement fort puisse faire face au marasme actuel. Si les militaires étaient capables de démontrer qu’ils éradiquent la corruption et la gabegie, je serais plus clément. Mais ce n’est pas le cas. Il faudra observer avec des yeux de lynx ce qui se passera au Burkina Faso. Si j’en crois la constitution, des élections libres devraient être organisées dans les trois prochains mois. C’est écrit sur un papier, mais qui en tiendra compte ? L’armée ? Vu de l’Europe ce scénario est difficile à envisager. On ne peut qu’espérer se tromper. Et si c’était le cas, il serait envisageable que l’Afrique vive son printemps, même si on est au mois de novembre. En tout cas il faut laisser ses chances aux insurgés, qui ont eu le courage de faire barrage contre le totalitarisme.
pm