Depuis 47 ans que je suis en Allemagne, mes employeurs successifs ont prélevé à la source mes impôts concernant mes revenus salariaux. Cela a été un grand soulagement pour moi, car je savais qu’une grande partie de mes taxes avaient été déjà perçues. Donc je devais mettre bien moins d’argent de côté pour subvenir à mes obligations. Je n’étais pas tenté de dépenser le pécule mis de côté pour « des urgences ». Tout au moins pour cette partie des revenus, je n’étais plus obligé de faire des économies. Par contre j’ai, comme tout le monde, dû déclarer moi-même les autres revenus. Ma femme, comme indépendante, devait tous les trois mois, acquitter des tiers provisionnels. C’est dire qu’au sein de notre famille, nous avons connu les deux formes de fiscalité. De ce fait j’ai de la peine à comprendre cette levée de boucliers. Lorsque Valérie Pécresse, la présidente du conseil régional de l’Île de France, déclare que le prélèvement des impôts à la source est un entrave à la liberté, j’ai du mal à la suivre. L’argument de dire, que c’est pour le patron le meilleur moyen de savoir, qu’elle est la hauteur des charges fiscales d’un ménage, me paraît erroné. Il n’en connaît qu’une partie, celles correspondant aux salaires. Revenons en Allemagne. Afin d’arriver au sein d’une famille à un équilibre, les conjoints sont classifiés dans des catégories fiscales, qui en fin de compte ont comme pour but d’amener de l’équité. Celui qui gagne le plus, jouit d’un barème moins élevé que celui appliqué aux activités, dites d’appoint. La classification définie par le fisc avec les intéressés, devra figurer sur les logiciels des services comptables des entreprises. Dans ce cas bien précis, il y a une levée du secret fiscal, mais comme aucune somme concernant le partenaire conjugal est nommée – il ne s’agit que du pourcentage du barème à appliquer – je pense que les propos de Madame Pécresse sont exagérés.
En ce qui concerne les personnes ne vivant pas dans une communauté de bien, chacun paie de son côté. Il a été évoqué la charge supplémentaire que ce système engendrait pour les entreprises. Je n’y vois pas de catastrophe. Pour s’acquitter des charges sociales de ses collaborateurs, tout un système comptable doit être mis en place. De même pour les impôts prélevés sur les revenus des entreprises. Mettre en place un tels système n’est qu’une question technique. Le reste incombe aux banques qui virent les sommes dues. Cela entraîne évidemment des frais pour les patrons, mais comme le ministre de l’action et des comptes publics, Gérald Darmanin l’a indiqué, l’effort demandé est tout à fait légitime, d’autant plus que les entreprises ont joui de baisses fiscales substantielles. La pratique du prélèvement à la source, a de grands avantages pour Bercy. Le ministère des finances et de l’économie peut se baser sur des revenus stables, sans avoir besoin de recourir à la justice pour obtenir l’argent qui lui est dû. Moins de procédures, des réserves d’argent plus fiables. Malgré certaines critiques qu’il serait possible de faire, je souhaite que ce système soit instauré le 1er janvier 2019 comme il était prévu. De reporter cette date, serait un nouveau signe d’instabilité, dont l’économie n’a pas besoin.
pm