La cour d’appel d’Aix-en-Provence a condamné l’agriculteur Cédric Herrou à 4 mois de prison avec sursis pour aide aux migrants. Domicilié à la Roya, pas loin de la frontière franco-italienne, ce militant humaniste a recueilli des migrants illégaux dans sa propriété. Du point de vue juridique il a eu tort de le faire ; humainement il n’était pas possible de procéder autrement. Il a agi comme Angela Merkel, qui pour des questions de conscience, ne voulut pas restreindre dans un premier temps l’arrivée des réfugiés. Il a eu peut-être tort de les avoir aidé à passer la frontière dans cette région très escarpée, mais il ne pensait qu’à leur salut. Je dois avouer que je me trouverais, si j’étais confronté à des conditions analogues, dans l’embarras. Je suis légaliste mais pas au point de renier mes convictions basées sur le droit des hommes. Devant le désespoir je n’aurais probablement pas la force de renvoyer les requérants d’asile d’où ils viennent. Je suis parfaitement conscient ce qu’une immigration non contrôlée peut amener comme difficultés en ce qui concerne l’intégration. Il est évident qu’il y a un problème quantitatif. Mais n’oublions jamais, qu’une personne en fuite l’a fait pour la plupart du temps car elle se sentait menacée. Ce n’est pas par gaîté de cœur qu’elle a pris sur soi de traverser la Méditerranée sur des embarcations menaçant à tout instant de couler. Ce sont des hommes comme toi et moi. Lorsqu’il s’agit de tragédie, il est très difficile de rester neutre. Cela a été le cas de Cédric Herrou qui a déclaré en quittant le tribunal que la lutte continuerait. Il serait prêt de faire de la prison pour la bonne cause. Étant fils de réfugiés, ce qui se passe autour de lui me touche personnellement.
Si mes parents n’avaient pas trouvé refuge en Suisse, je ne serais pas là pour prendre la défense de cet agriculteur. Je n’aurais pas eu de géniteurs. Avant et pendant la guerre la Confédération Helvétique était plus restrictive que jamais en ce qui concerne la venue dans leur pays de personnes traquées par les nazis. Je sais que des malheureux purent trouver refuge en Suisse. Un calme de courte durée. Beaucoup d’entre-eux ont été remis à la Gestapo ou à la SS. Ils n’ont que pu s’échapper par les cheminées des crématoire, mais comme fumée. En vous écrivant cela j’ai de la chaire de poule. Pour éviter que cela se reproduise, je serais prêt à descendre dans la rue. J’aimerais savoir comment cela de passe dans d’autres pays. Je sais que je m’aventure pour beaucoup sur du verglas, mais que faire d’autre ? J’aimerais que le président de la République s’exprime à ce sujet. Mais lui aussi doit être dans le dilemme et ne peut pas apporter des réponses satisfaisantes. Tous compromis dans la matière ne pourrait qu’envenimer plus l’affaire. Il est évident que personne ne sait vraiment comment se comporter à moins d’être du FN. Avant que des recherches aient pu être effectuées de cas par cas, j’éviterais d’expulser des migrants. Je suis reconnaissant à Cédric Herrou de nous avoir donné la vraie dimension du drame des migrants. Lorsqu’il dit que rien faire est en quelque sorte comparable à une non-assistance à une personne en danger, je peux parfaitement le suivre. La prochaine instance tranchera à nouveau.
pm