De plus en plus de réfugiés se massent à la frontière allemande du côté de l’Autriche. Où il devrait avoir coopération entre les deux pays, il n’y a que des dissonances. Les autorités de l’État alpin amènent à coup d’autocars des demandeurs d’asile aux portes-mêmes de la République Fédérale et les débarquent jour et nuit sans se poser la question de ce qui adviendrait d’eux. Qu’ils dorment à la belle-étoile ne semble pas les bouleverser outre-mesure. « Qu’ils se débrouillent ! », telle semble être la devise à la Hofburg à Vienne. Ces derniers jours ils ont aussi trafiqué les chiffres, rendant une gestion effective du pays d’accueil qu’est l’Allemagne, impossible. De tels exemples démontrent à quel point le climat de confiance au sein de l’UE est perturbé, pour ne pas dire plus. Des partenaires qui jusque-là vivaient en harmonie se tirent aujourd’hui dans les jambes. Le sauve-qui-peut semble être la règle en Autriche et ailleurs. On fait transiter le plus rapidement possible le flux migratoire en espérant se débarrasser au plus vite de ces hôtes indésirables. Humainement un tel comportement peut être taxé de vil. Diplomatiquement nous pourrions nous acheminer vers un effondrement. Je ne comprends pas à quel point les dirigeants manquent de jugement. Ils improvisent des situations qui auraient pu être négociées depuis des années. Du point de vue éthique, Madame Merkel a agi correctement. Mais a-t-elle su ce qu’elle engendrait ? Je ne le pense pas. Contrairement aux règles appliquées au sein de l’espace Schengen, les contrôles frontaliers s’étendront jusqu’à la mi-novembre, peut-être même jusqu’en février.

Arrêter un tel raz-de-marée est plus que délicat. Même si le président du gouvernement bavarois, Horst Seehofer, part en guerre contre « les visionnaires de Berlin », il ne peut pas en tant que bon catholique qu’il est, renvoyer tous ces malheureux qui n’ont qu’un espoir, s’établir en République Fédérale. Il se trouve face à des destins souvent terribles et ne peut de ce fait pas agir comme son collègue Viktor Órban, même si c’était son vœu le plus cher. Cela passerait terriblement mal auprès d’une majorité de ses compatriotes. Il est évident qu’elle s’effrite tant que des solutions pratiques ne seront pas trouvées. Le désarroi des dirigeants est un facteur pouvant déstabiliser l’ordre public. Moins le nombres des requérants, dont près de la moitié ne rempliront pas les conditions nécessaires pour pouvoir s’établir d’une manière définitive dans le pays. Les ministres fédéraux ont été pris au dépourvu, ce qui est une hérésie lorsqu’on fait de la politique. Il faut savoir anticiper. Mais ce qui est fait, est fait. Cette situation attise l’extrême-droite. Les paroles discriminatoires sont de plus en plus de mise ; les lieux d’accueil partent souvent en flammes. Un phénomène d’autant plus inquiétant, que de tels méfaits restent dans leur majorité impunis. La police est souvent passive lorsque il s’agit de trouver les coupables. Sur les 500 maisons incendiés cette années, que deux à trois cas ont été réglés. Les pyromanes s’en frottent les mains et continuent leurs méfaits. Une situation qui risque de dégénérer rapidement si l’État ne reprend pas les rennes. Et ceci chez l’élève modèle de l’Europe !

pm

http://www.lemonde.fr/europe/article/2015/10/28/allemagne-les-controles-aux-frontieres-a-nouveau-prolonges_4798733_3214.html

Pierre Mathias

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