Je me souviens encore aujourd’hui, lorsque ma belle-mère, Monique et moi regardions assez régulièrement « Bon appétit bien sûr! » à France 3. J’ai le souvenir d’un Monsieur, un être qui refusait de se mettre en avant, pour laisser place à ses collègues de France et de Navarre. Les menus présentés étaient relativement faciles à faire et étaient du point de vue des prix, tout ce qui a de plus normal, même pour des bourses relativement modestes. L’exactitude des ses descriptions était telle, que je me serais volontiers rendu à la cuisine pour essayer tout de suite, de mijoter de tels plats. En plus de l’humanité que Joël Robuchon y mettait, il avait une vigueur intellectuelle digne d’un grand penseur. J’avais le sentiment que la cuisine était un trésor pour le pays, qu’il fallait à toux prix sauvegarder. L’incitation à lutter pour ce qu’il y a de plus noble dans notre culture, l’empathie par rapport au travail bien fait. Ce grand chef m’a incité à tenter l’essai dans ma profession, de faire ce qu’on nomme communément le travail bien fait. À côté du génie qu’il faut avoir pour atteindre des sommets paraissant tout d’abord infranchissables, il m’a bien fait comprendre que la technique avait une place essentielle, lorsqu’il était question, dans mon cas bien particulier, de communiquer. En plus des connaissances, il faut avoir de l’empathie, une vue nécessaire pour mettre les personnes qu’on veut atteindre en confiance. Joël Robuchon l’a fait en faisant renaître à première vue des plats qui nous semblaient primaires, comme la purée de pommes-de-terres. En partant d’un légume qu’on pourrait qualifier de basique, il en a fait un poème, prouvant que la simplicité est une des principales vertus de la culture, dans ce qu’elle a de plus noble. Weiterlesen