Claas Relotius, un journaliste vedette de l’hebdomadaire « Der Spiegel », a admit d’avoir falsifié des articles. Il a inventé de toutes pièces des interviews de personnes qu’il n’avait jamais rencontrées. Pour les lecteurs de ce périodique, dont je fais partie, un coup de massue. Il reproduit assez bien ce qui se passe aujourd’hui dans les médias. Il faut du sensationnel pour survivre, pour attirer l’attention. Sans de tels ingrédients, chaque reporteur risque de passer à la trappe. Il y a beaucoup d’angoisse, celle de pouvoir perdurer des années durant, d’être en mesure de pouvoir subvenir au besoins de sa famille. Il y a toujours l’épée de Damoclès de l’échec, qui plane sur les têtes de mes collègues. Pour avoir vécu de telles pressions, je dois dire haut et fort, que cela n’est pas une sinécure d’être constamment à la hauteur, comme l’exige ce métier. On se met constamment en question et si on ne trouve pas l’assentiment du rédacteur en chef, des nuits blanches sont au programme. J’ai vécu à deux reprises chez des journalistes la même réaction que celle de Claas Relotius. Dans les conférences de programmation, il était possible de ressentir l’angoisse qui les tenaillait, celle de ne pas réussir à placer un sujet. « Si tu n’as pas une commande, comment paieras-tu le loyer. » Il en allait souvent d’autre chose que le besoin de faire des révélations essentielles pour le public, celui d’assurer son ordinaire. On était payé que si on réalisait un film, dans le cas qui me concernait. Ce manque de sécurité, est exploité par les « patrons » afin d’obtenir le maximum des collaborateurs. Weiterlesen