J’ai tourné il y a bien des années un reportage dans une salle de shoot à Berne. C’était une des premières en Europe. Des junkies, où le programme de la méthadone avait échoué, étaient « ravitaillés » avec de l’héroïne. Des individus qui ne se remettraient jamais, qui se dirigeraient inexorablement vers la mort. Le but était de les éloigner de la rue, de leur éviter de courir constamment après des dealers, de commettre des infractions ou d’autres délits pour se payer la drogue. Certains d’entre-eux étaient en mesure de travailler. Tout d’abord j’avais émis des doutes, prétendant que ce n’était pas du devoir de l’État de se substituer aux marchands de la mort ! Il est évidant qu’une telle démarche pouvait réduire la délinquance. Le but était de rassurer les citoyens. Bien après la volonté d’atténuer les souffrances des malades. Mais très vite je me suis aperçu que les salles de shoot, à condition que les règles y soient respectées, pouvaient avoir un effet positif. C’était un garde-fou assez efficace en ce qui concerne la prévention. L’attrait du fruit défendu était balayé. Mais que s’est-il passé dans les faits ? L’aspect extérieur du deal avait-il encore raison d’être ? Les proximités des gares seraient-elles sécurisées ? C’était une illusion de croire que seul une distribution limitée de l‘ héroïne pouvait atténuer la criminalité. Weiterlesen