Je suis évidemment pour une police citoyenne, mais je dois faire quelques remarques à ce sujet. Il est bon que les habitants d’un quartier, d’une banlieue difficile, sachent que les agents sont des leurs, pas automatiquement des fonctionnaires parachutés un peu par hasard. Je pense que si on veut plaider pour la sécurité, il faut bien connaître les problèmes que rencontrent les gens, que ce soit du côté social ou identitaire. Le rôle des forces de l’ordre n’est pas seulement d’être répressif, mais d’agir en amont, bien avant que des incidents viennent perturber l’atmosphère. Je vois leur rôle aussi dans le fait de désamorcer des bombes, afin d’éviter que la violence se répande comme une traînée de poudre qui risque à tout moment d’exploser. Lorsqu’on fait partie de la population, que sa famille habite le quartier ainsi que les amis, il est possible d’aborder les tâches avec plus de sensibilité. En outre, dans une telle ambiance, le dialogue est plus aisé. Ce n’est que par lui qu’il est possible de stabiliser des mouvements qui peuvent à tout moment se transformer en haine. Cela est d’autant plus dangereux lorsque des groupes ethniques se confrontent afin d’obtenir des privilèges. Et si la foi vient s’insérer dans tout ce tissus identitaire, cela risque d’exploser. Lorsque des policiers ont usé leurs culottes sur les mêmes bancs scolaire que ceux qu’ils doivent en principe aborder, cela peut faciliter les rapports. Mais lorsque j’ai tourné dans les banlieues chaudes, ce que j’ai fait plus de vingt ans, je me suis aperçu que la formation psychologique et sociologique de la police laissait souvent à désirer. Sans vouloir négliger les techniques policières qui sont nécessaires pour enrayer le mal, il faut donner aux femmes et aux hommes qui ont la fonction de nous défendre, les éléments d’analyses nécessaires pour que la paix puisse régner. Weiterlesen