Se tourner et se retourner dans son lit, se demander comment payer les charges, se sentir délaissé, bafoué, voilà le sort d’un chômeur que je nommerais Jean. Un sentiment de honte le torture, car il n’est plus en mesure de subvenir aux besoins de sa femme et de ses enfants. Tout au moins contribuer à leur bien-être, comme ils le mériteraient. Depuis qu’il a perdu son emploi, pour cause de rationalisation de l’entreprise, il a écrit des centaines offres d’emploi. Pour la plupart du temps même pas de réponse et si par hasard il y avait une lettre dans la boîte au lettres, toujours la même rhétorique : « Nous sommes au regret de devoir vous annoncer…. Nous vous souhaitons bonne chance pour votre avenir… » Entre lui et sa femme les tensions ont augmenté. Avec des ménages effectués au noir, elle essaie d’améliorer l’ordinaire des deux fils. Depuis belle lurette, ils ne peuvent plus participer à des activités qui exigent un appoint pécuniaire. Ils sont devenus les gosses de bons à rien, au dire de leurs camarades. « Pas étonnant avec l’épave de père que tu as ! » Les tensions entre Jean et son épouse deviennent endémiques. Elle fait maintenant chambre à part. « Nous n’avons plus de sexe ! » Et cela le rend malade. Il aimerait tout au moins oublier tout pour un instant en faisant l’amour. À quarante ans, Jean a l’impression que sa vie a atterri dans un dépotoir. « Et il y a ce type qui a jeté un œil sur Martine ! » Rongé de jalousie, il a attrapé un ulcère à l’estomac. Lui qui était sportif, s’est mis à boire, ce qui a eu comme résultat, des accès de colère et de désespoir. L’alcool ne le soulage que pendant de petits moments. Puis s’en suit le grand blues. Ses gosses l’évitent de plus en plus. Un jour Martine emballe ses affaires et celles de ses enfants et part s’établir chez sa mère. Weiterlesen