À la Biennale de Venise est exposée une barque qui en 2015 a chaviré. Elle a 50 tonnes et 22,5 mètres avec gravité. Conçue pour transporter 20 personnes, elle avait au moment de son naufrage de 700 à 1000 réfugiés à son bord. Le 18 avril, un cargo portugais s’est rapproché de ce bateau de pêche afin de sauver les occupants. Pour une raison encore inconnue aujourd’hui, ils ont été pris de panique ce qui a déstabiliser l’embarcation. Il n’y a eu que 28 rescapés qui ont pu être sauver, les autres sont morts emportés par les flots. Cela s’est passé dans le canal de Sicile à une centaine de kilomètres de la côte libyenne. Maintenant elle se trouve dans l’Italie de Matteo Salvini, le ministre de l’intérieur, qui a fermé les ports de son pays envers tous ceux qui sont en détresse en pleine Méditerranée. Lorsque le public sait ce qui s’est passé, il doit se demander, si cette barque peut servir d’installation à la Biennale de Venise? L’art ne dépasse-t-il pas certaines limites qu’il ne devrait pas franchir, malgré le bien-fondé de cette action, qui a pour but de sensibiliser l’opinion. Je suis déchiré entre la nécessité de sortir de sa réserve politique, lorsqu’il s’agit d’un témoignage tel que celui de ce bateau de pêche et la pudeur envers un tel drame, qui m’interdirait d’en faire un objet d’art. Mais puis-je rester passif face à de tels drames ? Je ne le pense pas. Pour ma part les événements qui bouleversent ce monde inspirent mon travail. Je ne peux pas les laisser de côté en ce qui concerne ma manière de m’exprimer. L’artiste ne peut pas se conduire d’une manière imperméable lorsqu’il s’agit des fondements de la sensibilité. Les hommes, les femmes et les enfants qui se sont noyés, parce qu’ils étaient acculés par la misère, par la guerre, par la répression à quitter leurs pays respectifs, sont comme une marque au fer chaud sur notre peau. Une plaie qui devrait être des plus douloureuse jusqu’à mort s’en suive. Mais ce n’est pas le cas, car l’oubli est de mise dans ces cas-là. Weiterlesen