Le sida ? Connais pas!
Le sida continue à faire des ravages en France et ailleurs. Au mois d’octobre 6155 personnes ont été diagnostiquées séropositives. Les jeunes semblent ne plus se faire trop de soucis au sujet de ce virus terrible. Il est vrai qu’il est possible de le neutraliser, éviter que la maladie explose. Mais cela ne veut pas dire que le mal est endigué. L’épidémie sévit encore. Le nombre d’infections dans la tranche d’âge entre 14 et 24 ans a progressé de 24 % depuis 2007. Un chiffre impressionnant qui ne présage rien de bon. Pour Sandrine Fournier, la directrice du service des programmes France de Sidaction, il faut mettre sur pied un programme de prévention à l’école. « De prime abord, quand on regarde ces chiffres, on pourrait se dire que, finalement, moins d’un quart des jeunes qui se disent « mal informés », ce n’est pas dramatique. Mais le plus inquiétant réside dans les réponses, souvent erronées, des quelque trois quarts de jeunes qui se déclarent « bien informés ». Par exemple, seule la moitié sait qu’un séropositif sous traitement efficace ne transmet pas le virus.» Est-ce de l’insouciance de la part des jeunes ? Où le sentiment qu’ils ne sont pas concernés ? J’ai tourné des films ayant le sida comme sujet. C’était encore à l’époque, où la plupart des personnes atteintes du virus, n’avaient guère de chances de survivre. Cela avait été terrible. Je me souviens d’une famille contaminée par une conserve de sang souillée. Le père avait été atteint, lors d’une opération anodine. Il retransmit le sida sans le savoir. Sa femme en fut atteinte, puis ses enfants. Peu à peu chaque membre mourut. Cela a été pour moi un évènement clef. J’ai aussi accompagné un séropositif à la mort, ce qui se passa pendant un tournage.
Je suis du même avis que Sandrine Fournier : Il faut renforcer à tout prix l’information. Il est vrai que la situation a bien changé. La menace a été atténuée par les progrès de la médecine. « On peut se réjouir qu’aujourd’hui le VIH ne soit plus directement associé à la mort, mais cela a un impact direct sur l’intérêt que l’on y porte. Pour les jeunes, le sida, c’est une maladie de vieux, donc ils ne se sentent pas vraiment concernés. » C’est moins l’aspect médical qui est aujourd’hui menaçant, que la mort sociale qui en découle. Lorsque vous apprenez que vous êtes atteint du virus, seriez vous enclin à créer une famille ? À mettre des enfants au monde. Lorsque le fléau battait son plein, en Californie il y a des décennies, des psychologues et des psychiatres ont attiré l’attention sur la recrudescence des troubles psychiques que cela pouvait entraîner. Il était déjà question de la mise à l’écart des malades, de leur mise en quarantaine. De la discrimination dont ils étaient les victimes. On leur imputait la responsabilité, on leur attestait une vie dévoyée, ce qui dans bien des cas ne correspondait pas à la réalité. L’école a le devoir d’ouvrir les yeux des jeunes, mais ce n’est pas obligatoirement les professeurs qui pourront les convaincre de changer de comportements, car les liens affectifs sont empreints de distance. Les cours d’éducation sexuelle ont souvent lieu bien trop tard. Ce n’est pas en fin de puberté qu’il faut en parler. C’est en amont qu’il faut intervenir, mais comme le sexe est encore tabou lorsqu’il s’agit d’informer les enfants, on préfère éradiquer ce thème, ce qui est plus que néfaste.
pm