Que se passe-t-il, Pierre ? As-tu perdu la tête ? Au lieu d’écrire un article sur la signature du nouveau traité d’amitié franco-allemand à Aix-la-Chapelle ou de parler de la foutaise que Madame May est en train de propager à Londres au sujet du Brexit, tu préfères aujourd’hui écrire un article au sujet de la remise hier soir des étoiles du guide Michelin. Laurent Petit, patron du Clos des Sens à Annecy et l’Italo-Argentin Mauro Colagreco du Mirazur à Mentaon ont glané la troisième étoile les plaçant ainsi dans les feux de la rampe. En même temps, Marc Veyrat pour la Maison des Bois à Manigod en Haute-Savoie ou l’Auberge de l’Ill, une institution alsacienne à Illhausern ont été rétrogradés. Le grand cuisinier qu’est Veyrat, le chef qui utilise les saveurs des forêts de montagne pour donner plus de saveur à ses plats et qui porte un grand chapeau noir – vous savez sûrement de qui je veux parler – parle d’une grande injustice à son égard. Il se sent mortifié. Le Michelin est devenu pour beaucoup le symbole de l’excellence, de l’imagination, du travail bien fait. Une condition bien légitime lorsqu’on sait ce que les gourmets dépensent pour se payer un repas. C’est certes une fête, mais pas pour les restaurateurs qui tremblent constamment de faire une erreur, de galvauder par inattention des points. Cela est devenu tellement obsessionnel, que des chefs comme Bernard Loiseau ou Guy Martin ont jeté l’éponge et se sont donnés la mort. La pression continuelle les a mené à la dépression et les a rendu vulnérables. Ceci dans un monde qui vient de plus en exigeant et qui broie tous ceux qui ne se soumettent pas à ses exigences. Mais ce qui est déconcertant, c’est que parallèlement à tout cela, il y ait tant de laxisme dans des domaines comme la politique en particulier.

Comment Theresa May peut-elle présenter hier à la Chambre des Communes un soi-disant plan b aussi inconsistant pour sortir de l’impasse qu’est le Brexit ? C’est un peu comme si un grand cuisinier avait oublié de mettre du sel dans un plat. Elle a eu le toupet de bâcler encore un peu plus son job de cheffe de gouvernement. Mais au lieu de prendre son chapeau, comme l’aurait fait tel ou tel chef, elle persiste dans son incompétence. De même du repas fade qui sera servi aujourd’hui à Aix-la-Chapelle. Un nouveau traité, où ceux qui en ont dressé les grandes lignes, ont oublié de faire mijoter la viande, comme la recette l’exige. La justice sociale manque dans ce papier. C’est comme si un grand chef servait un plat insipide et s’étonne ensuite que ses hôtes ne sautent pas de joie en réglant l’addition ! Même si la compétition me tape sur les nerfs, il serait bon peut-être de publier un guide Michelin de la politique. Certains dirigeants auraient perdu des étoiles, c’est certain. Lorsque un grand cuisinier rate un repas, cela le concerne personnellement et un nombre restreint de ses clients. Il n’en est pas de même chez les politiciens qui nous régissent souvent d’une manière lamentable et nous jettent ainsi tous dans l’embarras. Et dire que je ne voulais pas parler de politique ce matin. Me voilà pris au piège ! Et si j’allais manger au Clos des Sens à Annecy, à deux pas de chez moi ? Voici les données de mon compte en banque…

pm

https://o.nouvelobs.com/food/20190121.OBS8877/guide-michelin-2019-trois-etoiles-pour-laurent-petit-et-mauro-colagreco.html

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