La droite colombienne a remporté les élections présidentielles avec 54 % contre 41,7 pour la gauche représentée pas Gustavo Petro. Le taux de participation a été de 52 %. Ce sera Ivan Duque qui dirigera la pays. Il veut rouvrir des négociations avec le FARC. « Cette paix dont nous avons rêvé, qui demande des rectifications, aura des corrections pour que les victimes soient au centre du processus, pour garantir vérité, justice et réparation », a-t-il déclaré après sa victoire. Il a jugé le texte négocié par l’ex-président Juan Manuel Santos, qui a reçu le prix Nobel de la paix en 2016, comme étant trop laxiste. L’accord a permis le désarmement de 7000 rebelles après 52 ans de conflit. Malgré cet acte courageux, le chef d’État sortant avait un taux d’impopularité de 80 % dans cette nation comptant 49 millions d’habitants. Ivan Duque veut que tous ceux qui ont été responsables de crimes, soient jugés en conséquence. Entre 1964 et 2016, le conflit aurait fait 260 000 morts, 45 000 disparus et 6 millions de déplacés, selon des sources publiées par l’ONU. Pour moi il y a deux points de vue à prendre en considération. D’une part, comme l’a fait Juan Manuel Santos, avaler des couleuvres pour mettre enfin un terme à ce conflit qui a ensanglanté ce pays ; de l’autre, accepter l’accord de paix à condition de poursuivre les criminels de guerre. Si cela devait être le cas, il faudrait le faire des deux côtés, ce qui ne semble pas être prévu dans les revendications d’Ivan Duque. Que dire de tout cela ? Le nouveau président a très peu d’expérience en politique. Par principe je trouve légitime que les responsables paient leurs méfaits, mais dans ce cas bien précis une chasse aux sorcières serait un acte régressif, dont les conséquences pourraient être terribles Cet avocat apprendra qu’il faudra qu’il mette de l’eau dans son vin, s’il ne veut pas que l’insurrection reprenne de plus belle. C’est un acte de conscience, qui ne peut pas être débattu au coin d’une table.
Ivan Duque dit dans tout cela, qu’il n’est en aucune manière la marionnette d’Alvaro Uribe, un ancien président, qui a soutenu les milices d’extrême-droite qui s’opposaient au FARC et qui elles aussi ont été à l’origines de crimes de guerre. Le nouveau chef d’État est soutenu par les conservateurs, par l’Église, par les évangélistes et par l’ultra-droite, pas de quoi jubiler. Il a pendant la campagne parlé du Venezuela et a prédit que si la gauche l’emportait, la Colombie vivrait un tel désastre. Cela a suffi probablement à convaincre ses compatriotes de voter pour lui. C’est une chose, de l’autre veulent-ils prendre le risque que les hostilités reprennent ? Je peux parfaitement comprendre, que les plaies occasionnées par le FARC et les milices ne soient pas encore fermées, mais ne faudrait-il pas dans ce cas-là réfléchir globalement ce que pourrait être la réconciliation nationale ? Ce n’est pas dans les tribunaux qu’elle se fera, qu’il soit dit. Je trouve pour ma part très risqué que ce pays soit dirigé par un novice. Ne risque-t-il pas de causer encore plus de mal ? Il faut se dire qu’un accord parfait en politique n’existe pas. Il serait mieux qu’il réfléchisse à être plus pragmatique. Il ne se trouve plus en campagne électorale, où les diatribes sont de mises.
pm