Lorsque j’habitais à Marseille, j’arrivais souvent par le train à la Gare Saint-Charles. Avant d’y parvenir le voyageur avait une vue splendide sur le port. Au loin Notre-Dame-de-la Garde. Sur l’esplanade, on sentait les odeurs des épices orientaux. Au bas des escaliers s’étendait le quartier arabe avec ses échoppes, ses cafés où les habitués buvaient du thé de menthe, comme on en sert en Afrique du Nord. Les rues étaient bondée de monde, des gens venant d’un peu partout. Des blanc, des noirs, des Berbères, des Touaregs, des Comoriens, toute une population bariolée qui faisait bon ménage, malgré les tensions dues à l’époque à la fin du colonialisme. Il y avait relativement peu de femmes voilées. Pas de traces d’islamisme. C’était dans les années soixante. Depuis cela a bien changé. Il aurait été inimaginable que deux jeunes femmes soient poignardées, que parce qu’elles se trouvaient là au mauvais moment et au mauvais endroit. Un tunisien, qui avait été arrêté à Lyon puis relâché pour un quelconque délit, a tué soit disant à cause de sa religion deux innocentes qu’il ne connaissait pas. Qu’il ait été téléguidé ou pas par Daech, peu importe. C’est l’horrible drame qui me bouleverse. Mais aussi la souillure qu’il a propagée sur nos amis musulmans, qui se trouvent fragilisés. Je parle de tous ceux qui ne sont pas fanatisés par des imams politiques, qui rejettent de tels actes. Il est malheureusement évident qu’on les met dans le même panier que ces criminels. Cela ne peut qu’encourager l’exclusion, le racisme. Je ressens évidemment un profond deuil. Je ne vais pas dans ce cas-là chercher des circonstances atténuantes.

Il est évident que j’attends, comme beaucoup d’autres, des réponses encore plus cinglantes de la part des autorités religieuses. Elles devraient attaquer sans réserve contre de tels agissements. Elle le font, mais semblent être très embarrassées, car les agitateurs se recrutent assez souvent dans leurs milieux, même s’ils sont taxés de libéraux. Ils font partie du sérail. Pour que le lavage de cerveau prenne fin, il faudrait agir plus résolument. C’est facile à dire. Je ne crois pas que les autorités catholiques étaient différentes du temps de l’inquisition. Il en allait aussi à l’époque de l’équilibre politique. Objectivement personne ne peut dire aujourd’hui si les conservateurs et les fondamentalistes ne sont pas entrain de gagner de plus en plus de monde. Il n’en va pas autrement que la montée de l’extrême-droite qui déstabilise les autres partis. Une dynamique plus que négative qu’il est très difficile de freiner. Du point de vue des fous de Dieu, ces deux jeunes femmes ont mérité la mort parce qu’elles ne soumettent pas. Peu importe leur origine et leur croyance. C’est l’arbitraire qui est en jeu. Il est à craindre que ce genre de provocations augmentera ces prochains temps., car elles ont faculté d’intimider de plus en plus de personnes. Puis lié à tout cela, la notion du sacrifice. L’agresseur offre soi-disant sa vie pour la bonne cause. Il se prend pour un martyre et souhaite être pris pour tel. Ce ne sont pas avec de bonnes paroles qu’il sera possible d’arrêter cette effusion de sang. Nous ne sommes pas en mesure de comprendre un tel comportement, la raison pour laquelle nous sommes impuissants. Seule la répression nous donne l’illusion d’être actif. C’est un peu maigre !

pm

Pierre Mathiashttp://tempsreel.nouvelobs.com/societe/terrorisme/20171003.OBS5498/attaque-a-marseille-arrestations-perquisition-le-point-sur-l-enquete.html

Schreibe einen Kommentar

Deine E-Mail-Adresse wird nicht veröffentlicht. Erforderliche Felder sind mit * markiert