Les manifestations contre la réforme du code du travail iront en ordre dispersé. FO et la CFDT n’ont pas répondu à l’appel de le CGT. Les socialistes sont divisés, les opposants considérant qu’ils ne sont ni syndicalistes ni insoumis. Ces faits démontrent à quel point les Français sont divisés en ce qui concerne ces nouvelles dispositions. Il est évident que pour sortir du marasme actuel, il est nécessaire de se remettre en question, le système actuel étant un frein à toute évolution. Je pense qu’une majorité de citoyens en sont convaincus. Il y a bien des dispositions qui peuvent paraître délicates, mais dans le fond il n’était pas possible de rester inamovible. Il n’est pas possible que dans un tel contexte tout le monde soit d’accord. Il était indispensable que le président de la république aille de l’avant, ce qu’il a fait sans se laisser intimider par la chute de sa cote de popularité. Mais ce qu’il y a de plus important, c’est le changement radical que la société française est en train de subir. Il est évident que la faiblesse des forces traditionnelles de gauche se fait sentir. En temps normal de telles prescriptions auraient déjà déclenché en amont une vague protestataire sans aucune mesure par rapport à ce qui s’était passé dans le temps. N’oublions pas qu’Alain Juppé avait dû prendre son chapeau à cause des mouvements de rues qui s’opposaient à sa politique. Je ne pense pas que cela puisse être le cas dans ces prochaines semaines. Comme en 2010 en Allemagne, les Français devront avaler cette potion amère, s’ils veulent avoir un changement. Sans sacrifices de part et d’autre cela ne sera pas possible. Il est évidemment souhaitable que le patronat n’utilise pas ces divisions pour faire renaître l’injustice sociale.
Ce que le gouvernement leur offre est un crédit sans garantie. Il est loin d’être dit que les entreprises utilisent ces nouvelles dispositions dans l’intérêt des travailleurs. Il est effectivement à craindre qu’elles se rationalisent encore plus. Si elles suivaient une telle voie, elles ne seraient plus crédible et précipiteraient le pays dans une crise pire qu’actuellement. Ce qui me gêne – je l’ai déjà évoqué dans d’autres articles – c’est le fait que les dirigeants de la majorité actuelle, n’ont pas exigé qu’elles s’engagent plus dans l’équilibre social. On lui fait confiance, ce qui chez moi fait place à des doutes. L’avenir nous dira si je me trompe. Le fait est qu’il est difficile aujourd’hui de dire si une relance pourra créer des emplois. Il s’avère qu’avec une bonne gestion, il est possible de produire plus avec moins de salariés. Nous pourrions avoir la situation suivante : un boom économique et encore plus de chômeurs. Personne est en mesure de dire que cela ne pourrait pas se passer. Avec l’automatisation grandissante et la robotique il est possible de se passer de plus en plus de travailleurs. Et comme les caisses de l’État sont plus ou moins vides, il est impossible de compenser ce déficit avec le tertiaire. Je pense que les syndicats ne veulent pas qu’on leur reproche d’être un frein à plus de prospérité, la raison pour laquelle ils vont aujourd’hui en ordre dispersé dans la rue. Peut-être qu’Emmanuel Macron l’avait prévu. Mais une chose est sûre, sans un filet social rien ne pourra réussir. C’est dans ce sens qu’il faudra œuvrer.
pm