En recevant hier Benjamin Nétanyahou à Paris et en lui montrant de la chaleur, Emmanuel Macron suit une tactique qui a pour but de renforcer la position de la France dans le monde. Comme Charles de Gaulle, il sent que le fait de donner plus de poids à la nation en ce qui concerne les relations internationales, il redonnera au pays le sentiment de pouvoir surmonter les écueils qu’il a connu ces dernières années, de donner l’élan dont la France a si besoin. Comme il semble que le nouveau Président a les qualités d’un excellent négociateur et que par son charme il réussit à séduire les plus récalcitrants, comme Donald Trump, il a tout intérêt de marquer des points. Sans remettre en question des principes de base, comme par exemple le soutien à un État palestinien, il a réussi à donner au premier-ministre israélien le sentiment qu’il pourrait être un interlocuteur valable. Je ne peux que saluer qu’il s’implique plus dans ce conflit qui ne prend pas fin. Il a condamné la politique de colonisation en Cisjordanie, mais sans mettre Nétanyahou sur la défensive. Il a vraiment le profil d’un diplomate qui, sans revenir sur des principes, ne se fourvoie pas dans un discours qui ne peut que mener dans un cul-de-sac. Comme jeune j’ai vécu à deux pas de chez nous les négociations entre le FLN et la France. Je me souviens que c’était une partie d’équilibre pour le général de Gaulle qui se devait de faire des concessions sans pour autant perdre la face. Dans cette situation plus que délicate, car il était soumis à des pressions terribles de la part de l’OAS, il a montré une fois de plus de la souveraineté et a réussi à transformer, ce qui aurait pu être considéré comme un affront pour la grande nation, en un mouvement anticolonialiste à l’échelle planétaire. On attend d’un grand chef d’État qu’il réussisse d’une position de faiblesse, de remporter au bout du compte la mise. Si on prend les chiffres de l’économie et la dette énorme contractée au cours de ces dernières années, la France devrait faire profil bas, ce qui serait absolument néfaste. Elle a besoin de panache pour sortir de l’ornière, c’est ce qu’a compris Emmanuel Macron.

Avec la politique étrangère il est possible de marquer des points sans pour autant avoir les atouts nécessaires. Il est clair qu’il ne sera pas possible de sortir de l’ornière en n’ayant pas le moral. Le fait que des puissances étrangères marquent du respect, est un gage de succès. Et pour l’Europe cela ne peut qu’être bénéfique. Je pense que Madame Merkel en est bien consciente. Il y a eu concertation en ce qui concerne les rôles à jouer. Pour une fois c’est l’Allemagne qui est plus rigide, que ce soit dans les rapports avec les USA de Trump ou des relations diplomatiques avec la Turquie. La chancelière a une position commune, mais avec un style différent, celle de redonner à l’UE plus de poids dans le concert des nations. D’autre part elle ne veut pas donner l’impression de vouloir tout dominer. Pour elle Emmanuel Macron ne peut qu’être le bienvenu. Elle le laisse agir, car elle le sait loyal. Chez lui, comme avec le Général de Gaulle, on sait où l’on va. Une condition primordiale pour redonner plus de vigueur à une politique qui avait sombré dans un pragmatisme étouffant toutes envolées.

pm

http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2017/07/16/israel-palestine-macron-appelle-a-une-reprise-des-negociations-en-vue-d-une-solution-a-deux-etats_5161184_3218.html

Pierre Mathias

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