L’EI a envoyé des kamikazes à Téhéran. Ils ont attaqué le parlement et le mausolée de l’ayatollah Khomeyni. Le bilan : au moins 13 morts et des dizaines de blessés. C’est la première fois que cette organisation terroriste s’attaque directement à son plus grand ennemi qu’est l’Iran. D’une part il y a la haine des chiites qu’ils ne reconnaissent pas théologiquement, d’autre part un de leur plus grand adversaire, qui soutient le régime de Bachar al Assad en Syrie et prend part aux combats sur le terrain. D’un point de vue logique cette attaque aurait dû se passer il y a longtemps. La raison pour laquelle cela n’a pas été le cas jusqu’à présent est assez inexplicable. Et ils ont frappé gros ! Au centre même du pouvoir civil et religieux. Peut-être que la presse va considérer cet attentat comme la suite logique des meurtres de Londres, Manchester, Paris, Nice et Berlin, mais je ne peux pas en tirer la même conclusion. Je pense qu’il y a une autre dimension dans ce cas bien précis. Je la situe dans le cadre de la visite du président Trump à Riyad et de la rupture diplomatique de l’Arabie Saoudite et de ses alliés avec le Qatar. J’attribue une certaine responsabilité de cet acte odieux aussi à ceux qui versent de l’huile dans le feu. Le Moyen-Orient est en train de s’embraser. Les conséquences seront plus graves que le conflit israélo-palestinien.

Même si l’EI perd ses positions en Irak et en Syrie. L’offensive à Mossoul et depuis hier de Raqqa ont malgré une âpre résistance de l’EI, bien des chances d’aboutir à une victoire. Malgré ses déboires militaires les terroristes ne lâchent pas prise et attaquent par personnes interposées un peu partout dans le monde. Leur idéologie est du poison, pour des personnes souffrant de dépression, ne voyant pas d’autres issues que la mort. Mais avant de se suicider, elles veulent souvent laisser derrières des traces sanglantes pour que l’on parle d’elles. Peut-être le moyen de ne pas passer inaperçu. Du point de vue psychologique une arme redoutable. Je ne sais pas trop si l’EI sait vraiment ce qu’il veut politiquement à part sa volonté de détruire. Peut-être que la violence s’est rendue plus ou moins indépendante de toutes idéologies ? Que la prise d’influence profane a pris le dessus ? Le Djihad en cette période du Ramadan est pour beaucoup un acte de purification lorsqu’on emploie ce terme dans son sens théologique. Le jeûne a pour but que chaque croyant combatte ses propres démons, telle une des interprétations du Coran. Mais les djihadistes sont à des années lumières de telles considérations. L’attaque de Téhéran est un signe de volonté de marquer leur présence en pays ennemi. Un affront pour le président Hassan Rohani. Ce dernier avait évoqué pendant la campagne électorale que son pays était relativement sûr. Mais ce n’est pas le cas. Il faudra s’attendre à une recrudescence des actes suicidaires en Iran. Je crains que ce cela incitera le régime a augmenter sa présence dans les pays où l’EI sévit. Mais une chose est certaine, tant que l’EI touchera des sommes considérables, la paix ne pourra pas s’instaurer. De vouloir nous inciter à croire que le Qatar est son grand argentier, est un leurre. L’attentat de Téhéran prouve plutôt le contraire.

pm

http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2017/06/07/pourquoi-l-organisation-etat-islamique-a-t-elle-frappe-l-iran_5140225_3218.html

Pierre Mathias

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