Les agriculteurs adorent leur métier, même s’ils n’ont pas la vie facile. C’est une déclaration un peu erronée que je fais-là. Cela voudrait dire que malgré les soucis financiers qui les paralysent de plus en plus, ils sont des veinards de vivre ainsi à la campagne. Par manque de rentabilité de plus en plus d’exploitations meurent. Vivre ainsi avec une telle épée de Damoclès sur la tête, n’est pas pour moi un signe évident de félicité. Que se passe-t-il vraiment dans le terroir ? Le propre du paysan est de produire le plus à des prix ayant la faculté de le faire vivre avec sa famille. Le grand souci sont les effondrements des prix de vente, car le marché est souvent saturé. Toutes les méthodes pour faire baisser la production restent souvent plus ou moins vaines. Il y a les quotas fixés par Bruxelles, l’imposition majorée des excédents, mais une chose reste, l’agriculteur veut que les investissements qu’il a fait – souvent dictés par les lois de la production intensive et industrielle émises par l’UE – sont à l’origine de l’endettement qui tue les exploitations. Ce qui se passe ici est un cercle vicieux que personne ne peut arrêter. Compter sur une exonération totale de l’endettement tient de l’utopie. Le vrai problème réside dans le fait qu’il faudrait réagir bien plus rapidement à la demande. Tous ceux qui connaissent la misère des paysans savent parfaitement bien que toutes corrections mettent un temps infini à se réaliser. Et lorsque c’est finalement le cas, d’autres options sont d’actualité. Les personnes concernées se retrouvent rapidement dans l’ornière et ne peuvent parfois pas faire autrement que de jeter l’éponge.

Avec raison on accuse dans le milieu les hypermarchés d’être à l’origine du mal en les mettant devant des faits accomplis. S’ils ne baissent pas drastiquement leurs prix, ils sont éjectés. L’exemple du lait est particulièrement tragique car les sommes engagées pour les installations et les bovins par les éleveurs sont étouffantes. Le consommateur quant à lui, n’arrive souvent pas à boucler les fins de mois et cherche à faire des économies en dépensant moins pour la nourriture. Il fera en sorte de se rendre dans les magasins lui procurant les denrées à plus bas prix. Est-il conscient qu’il précipite ainsi les agriculteurs dans la misère ? Même s’il le faisait, cela ne changerait pas grand chose à sa situation pécuniaire. Dans de telles conditions il serait illusoire de croire que la paysannerie puisse vivre par le marché et ceci sans subventions de l’État et de l’Union. Ce fait est très astreignant moralement pour les producteurs, car ces derniers se sentent être traités comme des assistés. C’est probablement une des raisons de la grogne. En les incitant à réduire de beaucoup leurs cultures et en limitant le nombre des bêtes, la politique part d’un point-de-vue strictement commercial. En les payant pour cela, elle les soumet à une tension mentale énorme. Il est très difficile pour l’homme en général de freiner ses activités. Les incitations de se muter en gardiens de la nature ne peuvent pas les fasciner. Mettre en jachère des terres fertiles est un pas opposé à leur vocation. Peut-on réinventer l’agriculture ? Il serait plus honnête de parler de régression avec tout ce qui s’ensuit.

pm

http://www.lemonde.fr/economie/article/2017/02/25/agriculture-pour-la-releve-tout-reste-a-inventer_5085622_3234.html

Pierre Mathias

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