Le pape François a fêté son quatre-vingtième anniversaire hier à Rome. Mais comme c’était à prévoir il n’a rien changé à son programme. Il a pris son petit-déjeuner avec des sans-abris. Ils ont dégusté ensemble des pâtisseries argentines. Une fois de plus il a voulu marquer sa solidarité avec les plus pauvres, démontrer que la déchéance sociale, dans un monde régit par l’argent, était centre de ses préoccupations. Il a reçu d’innombrables vœux et a même parlé avec Vladimir Poutine qui lui a téléphoné. Il est probable qu’ils se sont entretenus au sujet du drame d’Alep. Contrairement à certains intégristes, le souverain pontife ne considère pas ce qui s’est passé comme une libération. Il a condamné la dureté avec laquelle se sont déroulés les combats. Le pape est une bénédiction dans un monde secoué par un séisme continuel. Il essaye dans le mesure de ses moyens, de modérer les altercations et encourage les belligérants à dialoguer. C’est lui qui a incité le président Obama de parler avec Raoul Castro. La preuve qu’un homme comme lui, qui ne peut qu’exercer que des valeurs morales, a tout de même de quoi d’être entendu. Vous me rétorquerez que ce n’est qu’une goutte d’huile sur une pierre chauffée à bloc. Mais malgré son bel âge, il est certain qu’il continuera à s’engager pour la bonne cause et qu’il ne cédera pas aux attaques qui lui sont adressées. Au cours de son pontificat il a amorcé de grandes réformes au sein de l’Église. Il a mis la tolérance et la charité universelle au premier plan. L’esprit d’ouverture est une des marques qu’il laissera.

Il refuse tout extrémisme qui peut être à ses yeux que discriminatoire. Les traditionalistes en ont pris pour leur compte, mais ne se considèrent pas comme battus. Il est probable qu’ils intriguent afin de limiter la casse. N’allez surtout pas croire qu’ils se retireront dans leur cocon, au contraire. La grande épreuve de force, qui pourrait aboutir à un schisme entre les nostalgiques d’un pouvoir absolu du pape et ceux qui au contraire désire que le catholicisme tienne compte des réalités sociales et politiques, n’a pas encore eu lieu. À l’image d’un monde tiraillé entre ses doutes et un certain absolutisme pour régler de manière arbitraire les problèmes, l’Église dans sa hiérarchie, louvoie d’un coté à l’autre. Le pape François le sait parfaitement et doit, tout en défendant ses opinions, tout faire pour éviter une rupture. Il sait qu’un populisme à l’image de la Pologne est un danger pour tous, car il est franchement discriminatoire. En plus il met les croyants sous un joug autoritaire qui ne peut qu’aboutir à une exclusion en cas de non-soumission. C’est évidemment pas le sens à donner à l’Évangile. Mais lorsqu’il s’agit de pouvoir, ceux qui veulent l’exercer déforment à leur guise la parole du Christ. On ne sait pas si le message de sérénité émanant du Vatican pourra calmer les esprits. L’année 2017 sera, tout au moins en Europe, fondamentale en ce qui concerne l’exercice de la tolérance. Si l’extrême-droite gagnait trop de terrain, elle déséquilibrerait tout en un continent. François ne peut pas intervenir directement dans le destin des nations, mais il peut mettre en garde les citoyens contre tout ce qui pourrait ressembler au totalitarisme. Il le fait, tant mieux !

pm

http://tempsreel.nouvelobs.com/topnews/20161217.AFP3789/a-80-ans-le-pape-veut-une-vieillesse-feconde-et-joyeuse.html

Pierre Mathias

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