Pendant cinq jours je ne vais pas traiter l’actualité comme je le fais d’habitude, mais me poser des questions de fonds en ce qui concerne la démocratie. Les élections américaines m’incitent à réfléchir à nos valeurs ou à ce que nous voudrions qu’elles soient. Il est un fait qui restera gravé dans l’histoire, c’est qu’à nouveau un démagogue ait pu laver le cerveau de millions de personnes en leur promettant monts et merveilles. Des slogans qu’il ne pourra et ne voudra pas tenir et qui ne sont pas autre chose que des attrape-nigauds. Du point de vue médiatique, un coup de génie. Mais il remet en question tout l’équilibre démocratique, comme l’ont conçu les philosophes. Il était question de donner la parole à tous les citoyens, à les entendre et à réaliser, autant que possible, la volonté populaire. Mais avec les moyens de la communication actuelle, il est possible plus que jamais de faire des lavages de cerveau. L’internet donne l’impression d’être un immense forum, mais c’est plutôt un instrument assez diabolique qui permet à des autocrates comme un Donald Trump, de jouer avec l’électorat comme avec des marionnettes. Ce qui semble à priori être un lieu de rencontre, une agora en quelque sorte, est un piège pour la plupart des internautes. Ils croient pouvoir s’exprimer librement, ce qui en fait n’est pas le cas, car ils ne s’aperçoivent pas à quel point ils sont conditionnés. Les rapports virtuels ne remplaceront jamais les rencontres physiques, un débat face à face avec un interlocuteur ne partageant pas obligatoirement ses propres vues. Avec la quantité d’informations que procure le net, l’effet Tour de Babel se fait sentir assez rapidement. Cette surinformation rend une réflexion personnelle plus difficile que jamais. Mais pour que les nouvelles passent, il faut faire paraître des infos chocs. Chez le candidat républicain, c’étaient des injures lancées à tout va, des révélations plus ou moins scandaleuses, le sexisme et le racisme. Et tout cela pour attirer l’attention. Ce n’étaient pas les questions de fonds qui ont marqué le débat. Cette méthode efficace est plus que superficielle. Elle n’a qu’un but, attirer l’attention. Dans un tel contexte on est en droit de se demander ce que la démocratie a encore comme valeur ? Si ce n’est qu’un show nauséabond, à quoi bon y croire.

Et c’est justement là que réside le danger. La fausse image qu’on en fait apporte de l’eau au moulin des apprentis-dictateurs, qui veulent à tout prix l’écarter, car à leurs yeux elle est corrompue. L’establishment en prend un sacré coup. À force de produire des tires de journaux négatifs, il n’est pas étonnant que le peuple s’en méfie. C’est ce qui explique le mardi noir du 8 novembre. L’image de la démocratie en a pris un sale coup, dont elle ne se remettra probablement pas. Le message que Donald Trump a voulu faire passer, c’est que les politiciens sont un ramassis de personnes malhonnêtes, n’ayant qu’un but : tirer des avantages personnels. Il ne s’est décidément pas regardé dans un miroir, mais cela ne le gêne pas que le système démocratique s’effondre. Il en va que de sa personne, peu importe les dégâts occasionnés. Il est clair que nous devons faire un état des lieux des valeurs que nous voulons se voir perpétuer. Cela revient à dire de mettre à plat notre façon d’imaginer une société, la rencontre de personnes venant d’horizons divers et avant tout se demander comment le quotidien doit être interprété. Peut-être est-il nécessaire de redéfinir nos rapports, d’adapter la démocratie à notre société.

pm

Pierre Mathias

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