Un jour après le meurtre de neuf jeunes à Munich, la question de la folie meurtrière est passée au premier plan dans les discussions. In est indéniable que ce phénomène a tendance à s’amplifier. Est-il dû à un sentiment d’insécurité générale ? À la dérive que nous vivons actuellement ? Il est vrai que la situation pour la génération montante n’est pas mirifique. D’anciens démons reviennent à la surface, comme les tensions en Europe. Des spectres qu’on croyait disparus, hantent à nouveau la société. Je veux parler avant tout des tentations que le populisme propage d’une manière irresponsable. Donner l’impression qu’un groupe de personnes puisse régler tous les problèmes, est malsain. Pourquoi ? Parce qu’il induit à la passivité individuelle. La réflexion est mise au point zéro, parce qu’elle pourrait entraver les objectifs de ces apprentis-sorciers dont la prise du pouvoir. Il suffit de suivre le discours de Ronald Trump au congrès républicain à Détroit pour jauger où on en est. : dans l’ineptie générale. Même s’il n’y a pas de programme, ses supporteurs n’en prennent pas compte. Seuls le culte de la personnalité joue un rôle. Dans un tel contexte il n’est pas étonnant que des déséquilibrés mentaux se trouvent encore plus à la dérive. Quels sont les références auxquelles ils pourraient avoir recours ? Il est partout question que de violence. Les infos sont devenues un cabinet des horreurs. Il n’y est plus que question de crimes contre l’humanité, de situations où la loi de l’intolérance joue le rôle essentiel. Le meurtre est devenu ce qu’on pourrait nommer la normalité. Pas étonnant qu’un jeune comme David S. se mette en guerre et veuille, comme dans un jeu vidéo, jouer au justicier.

Le monde virtuel dans lequel nous évoluons nous a fait perdre tout jugement. Bien des jeunes ne peuvent plus faire la différence entre la réalité et la fiction. Lorsqu’on leur donne l’impression que seules les personnes qui partent en croisade peuvent nous sauver, on leur fournit les armes pour passer à l’action. Je pourrais bien m’imaginer que c’est exactement cela qui s’est passé dans sa tête. Il est déconcertant que le meurtrier ait choisi le jour de l’attentat d’Oslo. Il y a cinq ans qu’Anders Behring Breivik avait tué 77 personnes, soit-disant pour sauver son pays contre l’invasion des musulmans. Sans aucun doute il vient de l’extrême-droite, ce qu’il ne nie pas. David S. est issu d’une famille iranienne naturalisée allemande. Dans une vidéo qui a été prise lors de la tuerie, il déclare son attachement pour la République Fédérale et avoue aussi, qu’il est en psychiatrie pour troubles mentaux. Le fait est qu’il a attiré par Facebook des jeunes à venir le rejoindre au Mac Donald pour fêter son anniversaire. Il s’est fait passer pour une jeune fille. Ce sont des jeunes issus de l’immigration qui ont suivi son invitation. Sur les neuf victimes, huit sont les enfants de parents étrangers. Est-ce aussi une preuve que comme Breivik, lui aussi se considérait comme un néonazi ? L’enquête n’a pour l’instant pas pu le prouver, mais le doute plane. Connaîtrons-nous un jour la vérité ? Je crains que non ! Et nous ? Nous sommes démunis contre la folie meurtrière. Elle se déclenche souvent sans préavis. Ses auteurs sont souvent des gens sans histoire.

pm

http://www.lemonde.fr/international/article/2016/07/23/a-munich-la-vie-a-repris_4973948_3210.html

Pierre Mathias

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