Malgré les grands progrès de la science qui retardent considérablement le cheminement de la maladie, tout au moins sous nos sphères, la peur persiste. La mort n’est plus toujours au rendez-vous, mais la contamination reste de mise. La médecine a réussi à contrôler le sida, mais pas de l’éradiquer. Dans de telles conditions il n’est pas étonnant qu’une certaine discrimination est toujours d’actualité. En particulier lorsqu’il s’agit d’homosexuels. Cela entrave probablement aussi la volonté d’intégration. Des absurdités comme celles de considérer ce virus comme une punition divine, se passent de commentaires. Aucune épidémie, probablement depuis la grande peste, n’a bouleversé tant de personnes, un peu partout dans le monde. Ce qui est le plus décourageant, c’est ce qui se passe en particulier en Afrique. Contrairement à la situation dans les pays industrialisés, grand nombre de malades ne peuvent pas payer les médicaments. C’est une discrimination terrible due à la précarité. Malgré certains efforts de grande fondations, il est impossible de soigner à long terme les patients. Pas étonnant que la mortalité soit encore très élevée. Lorsque les premiers cas ont été détecté en Californie, j’étais journaliste à la télévision allemande. Je me souviens de la visite d’un sociologue de San Francisco, qui prédisait une vague discriminatoire que s’étendrait sur des générations. Il était aussi convaincu que le comportement sexuel en serait modifié. C’est le cas ! Lorsque la peur s’instaure, elle freine tout élan amoureux. Les répercussions sur les couples, qu’ils soient hétérogènes ou homosexuels, ne peuvent pas être ignorées. Elles sont la cause d’une certaine suspicion qui n’arrange pas les chose.
Je me souviens que les adolescentes autour de moi, se rendaient régulièrement chez le gynéco pour faire des tests. Pour certaines c’était devenu une obsession. Je ne veux pas faire l’éloge de l’amour libre, mais entre cela et la constante peur, je préfère un peu plus de sérénité. Cela ne consiste évidemment pas de ne pas faire attention. Je n’aimerais pas que le discours relationnel se limite à l’emploi de préservatifs. J’ai de la peine de me mettre dans la peau des jeunes. Peut-être bien que le sida fait partie de leur quotidien et qu’ils ne le prennent plus tellement en considération. Cela peut aussi être un danger. Le nombre des contaminés à de nouveau augmenté en Allemagne, le signe que le spectre du sida s’estompe, malgré sa présence. Que faire ? Je me vois mal un jour dire à mon petit-fils d’être constamment sur le qui-vive, d’éviter toute sexualité. Je ne l’ai pas fait avec ma fille, tout en étant parfaitement au courant des méfaits de cette plaie qu’est cette terrible maladie. Semer la crainte est aussi néfaste, lorsqu’elle modifie les caractères. C’est triste que le plus bel héritage que Dieu nous a légué est un fruit empoisonné. Sans amour il ne peut pas y avoir de croyance. Que l’on veille ou non, un amour ne peut qu’être complet, que si il est charnel. Le platonisme est une utopie ! Que l’on n’oublie jamais : sans la sexualité, l’espèce humaine n’existerait plus. Mais si elle n’est plus qu’un acte mécanique, elle n’a plus raison d’être. Le sida n’arrange pas les choses !
pm
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