Je ne sais pas trop ce que je dois penser des protestations contre la loi du travail. Comme ancien syndicaliste je suis évidemment d’avis que les salariés doivent être protégés contre des décisions arbitraires de la part des patrons, qu’il faut tout entreprendre pour sauvegarder la paix sociale. Les jeunes, en particulier, sont au centre de mes préoccupations. Malgré tout cela, je crois que sans une réforme de fond du monde du travail dans tout son ensemble, il ne pourra pas y avoir un redémarrage économique. Je sais, je me répète comme un moulin à prières. Il faudra que l’on veuille ou non faire de gros sacrifices pour qu’il y ait plus de boulot. C’est de cela qu’il est principalement question. Ce que je reproche au projet El Khomri c’est de ne pas avoir proposé de contre-parties comme la participation du personnel au sein de l’entreprise, de son intéressement financier. C’est probablement là que le bat blesse. Je dois constater que les réflexes sont toujours les mêmes, que toutes progressions, qu’elles qu’elles soient, sont étouffées dans l‘œuf, ce que je trouve très regrettable. Les réformes proposées sont du gâteau à côté de l’Agenda 2010 du chancelier Schröder. N’oublions pas que c’est grâce à elle que l’Allemagne a pu rebondir. Certes, il y a beaucoup de critiques à émettre, mais seuls les résultats comptent. Qu’il soit dit, sans travail il ne sert pas à grand chose de revendiquer des mesures qui par la force des choses ne peuvent pas entrer en application. C’est de la théorie. J’attends de ceux qui défilent dans les rues un peu plus de perspicacité. Je serais des leurs s’ils revendiquaient des mesures pouvant favoriser l’emploi. La loi du travail est une faible brise allant dans ce sens, non pas comme on voudrait le faire croire un coup de massue contre le peuple ouvrier. Loin de là ! Une fois de plus la voix du peuple est dissonante, car elle ne tient pas compte de la réalité. Le problème initial de la France est de vouloir rester figé. C’est une utopie de croire que l’on pourra ainsi préserver un niveau social honorable. Au contraire, l’hémorragie risque de s’aggraver.

Il faut qu’avant tout la gauche soit consciente qu’elle court ainsi à la débandade et laisse ainsi place aux apprentis-sorciers que sont les populistes du FN par exemple. Ne voient-ils pas qu’on leur fait miroiter un avenir meilleur pour des raisons électorales. Un mauvais réveil suivra, en cas d’élection. Il sera diablement plus dur que le texte proposé. Il est désespérant de constater que le bon-sens, une valeur typiquement française, fait place à l’aveuglement. Je reproche aux syndicats de ne pas prendre en compte une situation qui risque encore de se détériorer plus, de ne pas faire une projection en ce qui concerne l’avenir. Le système des deux camps, d’une part les organisations ouvrières, de l’autre le Medef, me semble complètement caduque dans un contexte tel que nous le connaissons. C’est maintenant qu’il faudrait avoir le courage de se tendre la main. Que diable, nous nous trouvons plus en plein conflit social comme c’était le cas à Manchester au 19ème siècle. Les choses auraient dû évoluer depuis. Tout au moins dans la forme du dialogue. Même si la loi El Khomri ne me plaît pas trop, il faudrait l’accepter. CQFD !

pm

http://www.lemonde.fr/societe/article/2016/03/31/loi-travail-je-suis-venue-defendre-l-avenir-des-jeunes_4893595_3224.html

Pierre Mathias

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