Ce sont les premiers mots qu’a prononcé Barak Obama sur le territoire cubain. Pour la première fois depuis 1928 un président des USA a rendu visite à cette île située au Sud de la Floride. C’est un moment historique, d’autant plus que les deux pays se trouvaient depuis 1959 dans un conflit qui se figeait de plus en plus. Avec l’embargo américain, qui n’a pas été complètement levé à l’heure actuelle, ce pays est acculé à la ruine. C’est avec la Corée du Nord un des derniers bastions de l’économie marxiste. Avec la chute du mur de Berlin, Cuba a perdu ses alliés, ce qui l’a poussé de plus en plus dans l’isolation. Tout d’abord Fidel, puis son frère Raoul ont résisté, mais ont dû finalement se rendre à la raison que ce n’était pas un état qui pouvait perdurer. D’autant plus que la résistance, d’une population menacée de disette, dicta au régime un premier pas vers l’ouverture. La reprise des relations diplomatiques avec les États-Unis est un pas historique. En 1959 javais tout juste 13 ans, mais malgré mon jeune âge je me souviens de l’avènement au pouvoir des dirigeants actuels, En particulier de Che Guevera, qui devint pour la jeunesse le symbole de l’émancipation. Sa mort prématurée au combat, marqua ensuite ma génération. Il va sans dire que je ressentais assez rapidement une certaine sympathie pour ces fous de liberté, qui risquèrent leur vie pour se débarrasser du joug américain. David contre Goliath ! La preuve que les faibles sont en mesure de tenir tête à la première puissance mondiale. Mais je ne suis pas aveugle. Malheureusement le régime cubain n’est pas très tolérant envers tous ceux qui le remettent en question. La répression est encore toujours de mise, ce qui est une entrave à un rapprochement plus intense. Je pense qu’une telle position est en opposition aux aspirations d’un Che. Mais ne nous leurrons pas, lui aussi faisait une différence entre sa philosophie et la pratique.
Malgré tout, Cuba reste pour moi un exemple d’insoumission, ce qui correspond tout à fait à ma manière de vivre. On ne peut qu’espérer actuellement, que l’île ne se laissera pas tenter par les avances plus ou moins perverses du capitalisme. S’il y a ouverture, elle se devrait de respecter une autonomie qui devrait servir d’exemple. J’ose espérer que les cubains ne se feront pas acheter, mais j’émets certains doutes. Tout en libéralisant l’économie, il serait important qu’elle ne devienne pas vassale des places financières, qu’elle ne soit pas à l’avenir l’otage des grandes compagnies pour qui l’individu est interchangeable. Ce qui m’impressionne à Cuba, ce n’est pas la pensée marxiste, que je rejette dans sa soif de pouvoir, bien plus l’attitude d’individus qui refuse de se soumettre. Survivre ainsi à des décennies de disette est une gageur unique, la volonté absolue de ne pas se laisser embrigader par des personnes avides d’argent. J’aimerais que cette attitude soit sauvegardée, mais je n’ai malheureusement guère d’illusion. Je sais parfaitement que le spectre perfide de la consommation efface tous traits de caractère lorsqu’il s’agit de générer du profit, que la philosophie en fait les frais. Un biotope de plus disparaîtra, même s’il est synonyme de dictature.
pm