Jean d’Ormesson a déclaré lors de l’émission du samedi soir chez Laurent Ruquier, que le projet de loi concernant la déchéance nationale n’avait aucun intérêt et que c’était de l’enfumage. Je suis de son avis. Il a dit aussi à Manuel Valls, que le président et lui se mouvaient de plus en plus à droite, ce qui dans les questions de sécurité n’est pas dépourvu de bon sens. Une surenchère pour faire face à la menace frontistes ? Il y a de cela ! Mais c’est un phénomène qu’on peut observer aussi ailleurs. La gauche a peur de passer pour un mouvement qui par esprit de tolérance, est timoré quand il s’agit de lutter contre la violence et le terrorisme, quel qu’en soit son origine. Le gouvernement fait en soi de la surenchère pour ne pas passer pour lâche. Il semble oublier qu’il choque ainsi bien des humanistes. Mais s’il restait inactif, il se blâmerait. Sans pour autant approuver dans l’ensemble l’attitude de Matignon, je dois reconnaître qu’il serait néfaste d’hésiter, d’être flou, de vouloir faire des compromis lorsque il s’agit d’être déterminé. Si nous voulons défendre la démocratie, il faut le faire sur le terrain. Dans ce sens François Hollande a raison. Mais il ne faut pas pour autant jeter à la poubelle des principes qui sont essentiels pour la gauche. Le respect d’autrui est la pièce maîtresse de tout l’édifice. L’arbitraire ne doit en aucun cas remplacer un esprit de justice. Il est du propre du socialisme démocratique de se remettre constamment en question. Ceci est logique car le système politique est en constante mutation. La réflexion fait partie du message propagé par Jean Jaurès ou d’autres grands leaders historiques de la gauche. Cela ne doit pas changer pour des causes pragmatiques.

Le rêve et l’utopie sont des éléments directeurs en ce qui concerne la recherche d’une société plus équitable. Cet esprit fait cruellement défaut en Europe à l’heure actuelle. Nous avons de plus en plus affaire à des gestionnaires, qui oublient souvent, que le propre d’une social-démocratie par exemple, est d’esquisser constamment de nouveaux paramètres permettant de lutter contre les inégalités. Je crains fort que le volontarisme affiché actuellement par Manuel Valls, conduise la gauche toute entière dans des zones non définissables. Je sais, la notion gauche-droite n’est souvent plus d’actualité, comme le prétendent certains philosophes. Mais sans une démarcation entre les différents partis, il n’y aurait plus de débat concernant la société. Je suis encore partisan d’une certaine idéologie, qui n’a pas seulement des effets pervers. Oui, il faut montrer de la couleur, même si cela peut entraîner des défaites électorales. Cela concerne aussi les options économiques et sociales. Nous ne pouvons pas accepter que la classe politique soit plus ou moins vénale, lorsqu’il s’agit des grandes options pour l’avenir. La gauche a perdu un grand nombre de ses partisans au profit du FN, parce que les ouvriers et les petits employés ne se sentent plus représentés, par ceux qui déclarent les soutenir. Cela ne veut pas dire d’être irréaliste, mais le but à atteindre doit être toujours, en ce qui concerne la gauche, l’égalité, même si elle est utopique. Un peu plus d’humanisme ne lui ferait pas de mal !

pm

http://www.lemonde.fr/politique/article/2016/01/17/manuel-valls-que-la-gauche-parle-de-securite-ce-n-est-pas-un-probleme-de-droitisation_4848656_823448.html

Pierre Mathias

Schreibe einen Kommentar

Deine E-Mail-Adresse wird nicht veröffentlicht. Erforderliche Felder sind mit * markiert