N’en déplaise à Messieurs Hollande et Valls, la déchéance de la nationalité me pose en temps qu’homme de gauche de graves problèmes. Je comprends que sous le coup de la colère contre les terroristes ayant commis les attentats de Paris, on puisse réagir d’une manière émotionnelle. Il est vrai que nous nous trouvons dans un état de guerre, mais de là à vouloir changer la constitution, il y a un pas auquel je réfléchirais avant de la faire. En voulant exclure de la communauté nationale des personnes issues de l’immigration, me semble plus que problématique. Cela reviendrait à dire qu’il y a des Français de plusieurs souches. Cela est constitutionnellement pas possible, même si des personnes se conduisent d’une manière anti-patriotique. Cela contribuerait à affaiblir la cohésion nationale, ce qui ne peut pas aller dans le sens d’un président de la république. Ce serait une porte ouverte à l’arbitraire. Il y aurait fatalement une sélection, ce qui ne doit en aucune manière arriver. Ce serait une discrimination de citoyens ayant une autre origine que celle des Français métropolitains. Dans un régime autoritaire comme celui du 3ème Reich, il suffisait d’être juif, tzigane ou homosexuel pour être discriminé. Nous avons vu où cela a pu mener. Ce serait sûrement pas le cas du président actuel, mais qui peut garantir que ses successeurs n’utilisent pas cet article de la constitution pour justifier une injustice flagrante ? Ce serait aller dans le sens de ceux qui veulent se débarrasser au plus vite de tous les musulmans, qu’ils accusent de vouloir nous oppresser. De les tuer même si on en croit certaines déclarations erronées. Non, il ne faut pas mettre de l’eau sur les moulins des racistes, des populistes, des fascistes. Il faut éviter tout de ce qu’irait dans leur sens, ne pas leur donner un outil discriminatoire comme l’exclusion.
Je n’irais pas jusqu’à dire que l’initiative actuelle est du clientélisme, mais elle n’en est pas loin. Utiliser un instinct de vengeance en politique peut être dangereux. Je n’en suis pas exempt. Je dois avouer que j’ai mis du temps à m’apercevoir ce qu’une telle modification de la constitution pouvait amener. J’étais trop sous le coup de la colère pour être modéré dans mes jugements spontanés. Aujourd’hui, avec le recule, je m’aperçois que la vengeance est une mauvaise conseillère, qu’il ne faut en aucun cas sous l’effet des émotions créer une situation à sens unique. Ce serait le cas si cette proposition passait le cap législatif. Elle serait lourde de conséquences, non seulement morales mais aussi politiques. Je pense que ce serait un coup de pouce majeur à une radicalisation encore supérieure de la situation dans les banlieues. Ce pourrait être un germe qui aboutirait peut-être sur une forme de guerre civile. Personne ne peut le souhaiter. Il est vrai que de faire accéder un grand nombre de personnes à la nationalité française n’a pas amoindri les problèmes existants. Il est vrai que nombre de terroristes viennent de ces cités. C’est leur but d’obtenir de l’État qu’il agisse d’une manière plus brutale. La preuve qu’ils ne sont pas acceptés même s’ils possèdent un passeport français. Il serait sous cet aspect opportun que les esprits retrouvent leur calme. Avec la déchéance de la citoyenneté ce ne serait pas le cas.
pm
