Ce n’est pas à moi d’émettre un jugement que seuls les tribunaux peuvent faire. Tant que le transfert de fonds entre Joseph Blatter et Michel Platini ne sera pas éclairci – il y a peu de chances que ce soit le cas – ils ont la présomption d’innocence. Il faut apporter des preuves concrètes pour les attaquer en justice. La suspension de huit ans de la commission d’éthique de la FIFA est légitime, car toutes organisations ont le droit d’établir des règles intérieures, lorsque ces dernières ont été adoptées par les délégués. Une personne qui ne se tient pas aux statuts risque de passer à la trappe. Le spectacle qu’a livré l’ancien président de la FIFA est plus que désolant. Il a prétendu devant la commission qu’il n’y avait qu’un contrat verbal. À ce niveau-là cela frise le ridicule. J’en reste là pour ne pas être trop méchant. Mais je ne peux pas m’empêcher de dire, que cela est du clientélisme de très mauvais aloi. Lorsqu’on accède à des postes de cette importance il faudrait être conscient des conséquences juridiques que de tels faits provoquent. C’est la porte ouverte à la combine, à la corruption. Michel Platini devrait le savoir au lieu de se laisser passer pour un martyre. Il a probablement pas agi malhonnêtement, mais cela serait la moindre des choses de reconnaître qu’il a fait dans ce cas bien précis une erreur. Tout au moins ces deux protagonistes devraient en porter les conséquences politiques au lieu de crier au scandale. La justice suisse et américaines ont démontré quel panier de crabes était la FIFA.
On croit rêver lorsqu’en entend Franz Beckenbauer prétendre qu’il signe des chèques en blanc. Il s’agit là aussi d’une affaire véreuse concernant la candidature de l’Allemagne au championnat du monde de 2006. Une somme de 6,7 millions qui aurait été virée à un compte plus ou moins officiel à Genève. Était-ce pour acheter des voix ? Il serait temps de nettoyer les écuries d’Augias, au lieu de se lamenter sur le sort de telle ou telle personne. Tout cela manque de dignité. Il est bon que tout aussi bien Blatter que Platini fassent recours. Mais pour qu’ils puissent obtenir satisfaction, ils seront bien obligés d’apporter des documents. Ces derniers n’existent pas et pour cause. Les affaires de la FIFA dépassent de loin le cadre sportif. Ils sont la démonstration de l’état de nos mœurs, d’une décadence générale de nos valeurs morales. Dans de telles conditions il n’est pas étonnant qu’un vent de révolte balaye le continent. Que nombre de jeunes n’ont plus de repaires. Pour moi une des raisons expliquant les violences qui se perpétuent de plus en plus rapidement. Si nous voulons vanter les mérites d’une société libérale, généreuse, de tels manquements doivent être condamnés. Je suis le premier à être solidaire lorsqu’une personne est attaquée directement. Même si elle est plus ou moins coupable. Pour prendre un exemple qui s’est produit dans le domaine des sports, je pense à Uli Hoeneß, l’ancien président du Bayern, qui n’a pas déclaré au fisc des revenus générés en Suisse. Il s’est rendu à la justice et a accepté le verdict : de la prison. Au lieu d’aller en cassation, il a eu la dignité de reconnaître ses fautes. Il y aurait de quoi réfléchir, Messieurs Blatter et Platini ?
pm