Bien sûr, je souhaite de tout mon cœur que le FN ne réussisse pas son pari : celui de devenir leader dans une des régions de France. Mais je dois en tant que démocrate reconnaître que la proportionnelle serait plus équitable. Si le réflexe des électeurs au second tour était de voter pour les partis établis à l’Assemblée Nationale, les partisans de Marine Le Pen verraient une fois de plus leurs acquis fondre comme de la glace. Ce ne serait pas le miroir de la situation politique que nous connaissons actuellement en France. Est-ce bien pour l’avenir ? Du point de vue pratique, oui ; mais en ce qui concerne l’éthique, c’est plus que contestable. Je suis dans un dilemme, je dois l’avouer. D’un côté le combattant contre toutes formes d’intolérance ; de l’autre un caractère équitable, qui n’admet pas l’injustice. Il serait à mes yeux préférable de déclarer anticonstitutionnel des déclarations racistes provoquant l’exclusion, d’obliger le FN par voie judiciaire de corriger son programme, lorsqu’il s’attaque à la dignité de l’homme. Et s’il y a récidive d’interdire toutes formations n’appliquant pas à la lettre les valeurs de la république. C’est cela qui se passe actuellement au tribunal fédéral de Karlsruhe, où le parti d’extrême-droite NPD risque de se voir interdit pour son attitude discriminatoire. Il est bien plus extrémiste que le Front National, mais son populisme peut être comparé.

Dès l’instant où un parti est considéré comme étant légal, que cela plaise ou non, il faut accepter le verdict des électeurs. Désolé, je suis à nouveau obligé de jeter mon regard sur l’histoire de la République de Weimar. Le programme du NSDAP n’était pas conforme à la constitution et aurait dû être combattu d’emblée. Cela n’a pas été fait. Je sais, les tribunaux ne sont pas toujours équitables, mais ils pourraient contribuer néanmoins pour moins d’équivoques. Si cela était le cas, rien ne pourrait plus justifier le scrutin majoritaire. Ce serait une ouverture en direction de la proportionnelle, qui est plus juste et représente toutes les forces de la nation. Je crains qu’à la longue les électeurs du FN prennent non seulement de l’ombrage de ne pas se voir représentés aux parlements régionaux ou à Paris, mais qu’ils se révoltent un jour. Ce serait l’amorce d’une guerre civile et c’est cela dont il va aujourd’hui. Les tractations qui ont eu lieu ces derniers jours ont démontré à quel point la situation est bancale. Malgré les aléas, je désire qu’un front républicain puisse s’établir, mais cela ne semble pas être le cas. Une autre réflexion de ma part est de savoir si le clivage gauche-droite fonctionne encore aujourd’hui ? Comme nous le savons, un grand nombre de sympathisants de Madame Le Pen viennent de la gauche, même du parti communiste. Cela me met mal à l’aise et m’oblige à revoir ma copie. Est-ce que le socialisme, comme je l’ai jusqu’à ce jour soutenu, correspond encore à la réalité ? Ne devrait-il pas faire un bilan global ? Le fait est que les populistes empiètent toujours plus sur ses plate-bandes, comme c’est le cas dans la région Nord. Une terre rouge devient bleu marine ! Ce n’est pas une plaisanterie, mais l’expression d’un grand désarroi. Cela devrait nous inciter à faire une analyse impitoyable, qui remettrait tout en question.

pm

http://www.lemonde.fr/elections-regionales-2015/article/2015/12/07/elections-regionales-ou-en-sont-les-tractations-en-vue-du-second-tour_4826423_4640869.html

Pierre Mathias

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