Pour les Américains, les armes à feu sont le symbole de la défense des libertés. Elles marquent l’individualité de chaque citoyen et son indépendance face à l’État. Lorsque les premiers pionniers sont arrivés dans le nouveau monde, ils étaient voués à eux-même. Pour pouvoir mener leur croisade contre les Indiens, ils n’avaient que leurs fusils et leurs colts. Chacun faisait plus ou moins sa loi, tant que les institutions n’existaient pas. Plus on s’aventurait à l’Ouest, moins il y avait de structures communes. La loi de la jungle était de mise. Les partisans d’une législation plus que libérale envers le commerce et la possession des armes, prétendent qu’avec des lois plus strictes, il y aurait une grave perte de liberté et ceci parce que chaque homme doit être armé pour assurer sa légitime défense. La fusillade de Roseburg dans l’État de l’Oregon est une fois de plus la preuve, qu’entre la nostalgie du passé et la réalité, il y a un fossé infranchissable. Le meurtrier était un fétichiste des armes à feu. Il en a fait usage dans un campus et a tué dix personnes et blessé d’autres avant d’être abattu. Une fois de plus une grande consternation dans le pays, mais qui ne servira une fois de plus pas de leçon. Barak Obama a beau s’insurger contre la législation régissant la possession des armes, rien ne bougera. Le lobby des fabricants tient en otage les députés et sénateurs des deux grands partis. Ils risquent de perdre leur mandat en s’insurgeant, car ils seraient considéré par le peuple comme de mauvais citoyens dans l’incapacité de défendre leurs libertés et celles de leurs électeurs. Il est pour tout observateur étranger mystérieux que de tels arguments puissent être tenus au 21ème siècle et ceci dans un pays qui se targue d’être à la tête du progrès.

Cela me rend songeur, d’autant plus que c’est un plaidoyer de la violence. C’est un feu vert pour la pratique de l’autodéfense avec toutes les conséquences que cela peut enclencher. Si la justice était individuelle, nous courrions tous à l’anarchie. Aux USA elle ne l’est pas. Au contraire, elle est souvent sanguinaire en pratiquant la peine de mort. Je pense qu’il faut mettre en parallèle le laxisme d’une part des citoyens par rapport aux armes et le droit de tuer au nom de la justice. Pour comprendre ce comportement, il faut revenir aux sources mêmes de la conquête de l’Amérique. Lorsqu’il y avait crime, le délinquant était pendu haut et court, après une délibération publique, qui en fait était une farce, non un procès équitable. Le lynchage était souvent de mise et guère combattu. Et ceci sous le couvert d’un piétisme de mauvais aloi. Les croyants ne se référaient pas à l’évangile, plutôt à l’ancien testament. Dent pour dent, œil pour œil, un message clair pour des esprits bruts. Peut-être le seul moyen de survivre dans un entourage hostile, où l’appât du gain régnait. Et pour protéger ses deniers, la violence était de mise. Tu ne tueras pas ! C’est ce qu’entendent dimanche après dimanche les fidèles au cours des services religieux. Mais pour eux cela n’inclut pas le droit de se défendre. Et lorsqu’il a des abus, une justice répressive se met en marche. Tant que les États-Unis seront dans l’incapacité de régulariser la possession des armes, cette nation ne sera pas crédible en tant que démocratie. Qu’on se le dise !

pm

http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2015/10/02/aux-etats-unis-l-impossible-controle-des-armes-a-feu_4781642_3222.html

Pierre Mathias

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