Comme il était à prévoir, Alexis Tsipras a présenté sa démission au président de la république grecque. Des élections auront lieu en septembre. Pour le peuple une fois de plus l’occasion de montrer son désarroi. Le premier ministre espère ainsi marquer des points et de se débarrasser de ses « alliés » les plus extrémistes. Depuis qu’il suit une voie pragmatique, bien des députés de son parti lui montrent leur désaccord. Il n’a pu que recueillir 118 voix au sein de son groupe parlementaire au lieu des 120 exigées par la loi. La tentative de trouver une autre majorité est formelle et n’a aucune chance d’aboutir. Il ne lui restait donc rien d’autre à faire. Cela ne m’étonnerait pas que Tsipras se retrouve après les élections à la tête d’un gouvernement de centre-gauche. Ce serait probablement la meilleure solution pour parachever les décisions drastiques prisent ces derniers jours. Une expérience-phare au sein de l’UE. Le sauvetage financier d’un pays, dans les conditions que nous connaissons, est une première. Il serait plus qu’opportun que cela se traduise par un succès. Mais cela ne restera qu’un vœux pieu si le peuple ne contribue pas à son succès. Le scrutin nous démontrera de quelle manière la mainmise des créanciers est perçue en général, si la volonté de marquer un tournant est réelle. Si c’était le cas ce serait un défi pour les mouvements de gauches partout en Europe. La preuve que le réalisme a toujours le dessus lorsqu’il s’agit d’économie. Ses règles ne sont pas visionnaires comme certains papiers pourraient le stipuler. Il ne reste plus grand chose de l’utopie des manifestes électoraux. Dans un marché mondialiste tout est imbriqué. La marche de manœuvre s’est réduite comme une peau de chagrin. La volonté politique ne peut plus que se soumettre au diktat des places financières.
La crise des pays émergents le démontre ces jours-ci d’une manière drastique. Tabler seulement sur la croissance, comme l’a fait par exemple la Chine, peut aboutir à un effondrement. Je n’espère pas que cela ira aussi loin que ce qui se passe actuellement en Grèce. Mais il y a des leçons a tirer. Une fois de plus il est indéniable que les économistes sont bien moins prévoyants que ce qu’on serait en droit d’attendre. Ce sont eux qui ont engendré la ruine en spéculant à court terme. C’est le cas à Athènes ; en sera-t-il de même à Pékin ? C’est bien probable ! Et la volonté du peuple ? Elle sera mise aux oubliettes ! N’oublions pas qu’en Grèce il y a eu une forte majorité contre l’austérité. Et maintenant ? Nous nous y trouvons des pieds à la tête. C’est le déni complet du « vox populi » ! On ne pourra reprocher à personne de manquer d’enthousiasme dans de telles conditions. Une fois de plus une raison de se poser des questions en ce qui concerne la démocratie. Plus que jamais elle se trouve en danger, pressée de toutes parts à prendre des décisions de caractère totalitaire. Une incompatibilité totale par rapport aux idéaux transmis. C’est pour moi le point le plus douloureux de toute cette tragédie. La preuve que ma voix ne peut pas être entendue. Un leurre que j’éprouve comme une preuve d’impuissance. Il faudra pourtant que je me fasse une raison, celle d’une dérive complète. J’ai beau me rebiffer, rien n’y fera. Un peu comme ces manifestants en face du parlement grec. CQFD !
pm