Christiane Taubira, ministre de la justice, rêve d’une semaine de 32 heures de travail. Pour elle la loi Macron qui autorise 12 fois par an le travail dominical ne correspond pas à ses vues. Elle préconise que les citoyens puissent consacrer plus de temps à leur famille, à des activités culturelles et sociales. En résumé, plus de liberté pour s’épanouir. Un tel système, aussi censé soit-il, ne peut pas tenir le cap. Il implique une situation économique mirifique, ce qui n’est aucunement le cas et ceci d’autant plus que le chômage paralyse de plus en plus de personnes. On a bien vu que les 35 heures hebdomadaires n’ont pas pu augmenter les offres d’emploi. Au lieu de faire travailler plus de monde, les entreprises ont rationalisé leurs moyens de production et l’administration nécessaire à la bonne marche des affaires. Bien que l’idée qui se cachait derrière cette loi soit logique, elle n’était pas réalisable dans les faits. Elle a même contribué à une détérioration du marché. L’éthique du bon travail en a pris un sacré coup. La philosophie des loisirs aussi !

Pour quelle raison ? Qui réduit ses heures de labeur doit compter sur une réduction de son avoir. C’est ce qui s’est passé. Plus de temps libre avec moins de pécule, ce n’est guère possible dans une société fascinée par la consommation. C’est ce qui s’est passé et à conduit des millions d’entre-nous dans la morosité, sans oublier l’accroissement du chômage. Où veux-je en venir ? Entre le rêve et la réalité il y a un fossé profond qu’il est difficile, voir impossible d’enjamber. C’est de la rhétorique, rien de plus. Manuel Valls suit une démarche contraire et je l’approuve dans ce cas bien précis. Il veut redonner de la valeur au travail, expliquer aux Français que n’est pas seulement un gagne-pain. L’homme ne peut que s’épanouir s’il a l’impression d’être utile à la société. Les loisirs, si intelligents soient-ils, ne peuvent pas effacer ce besoin inné. Dans la crise actuelle bien des gens se sentent de trop et dérivent dans la dépression. Leur colère fait place à la résignation, ce qui est un poison pour une nation. Et s’ils se révoltent contre un tel sort, ils deviennent extrémistes, perdent tout esprit de tolérance et de justice. Accuser les plus faibles de tous les maux en est la conséquence. Un gouvernement qui se respecte doit tout entreprendre pour inverser la vapeur. Je trouve la semaine de 40 heures parfaitement adaptée à l’équilibre que chacun de nous a si cruellement besoin. Avoir constamment peur de ne plus pouvoir assurer le bien-être de ses proches, est une charge insupportable. Croire gagner autant en réduisant son temps de travail est illusoire. Tous ceux qui ont connu les affres de la loi Aubry peuvent en parler. Leur qualité de vie n’a pas augmenté, malgré toutes les bonnes intentions. Si on suivait le rêve de Christiane Taubira, la République se trouverait dans une situation encore bien plus précaire que celle que nous connaissons actuellement. Seul le labeur peut nous sortir d’affaire, dans le cadre de la mondialisation telle que nous la connaissons. Je ne suis pas forcément son adepte, mais il est impossible de faire aujourd’hui marche-arrière. Si nous voulons subsister à l’échelle mondiale, il faut mettre la main à la pâte et se sacrifier aussi pour le bien de la communauté. La société du temps libre est une utopie à une époque où la précarité est malheureusement de mise !

Pm

http://www.lemonde.fr/politique/article/2015/06/20/taubira-reve-d-un-monde-avec-32-heures-de-travail-par-semaine_4658328_823448.html

Pierre Mathias

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