Martine Aubry soutiendra la motion de Jean-Christophe Cambadélis au congrès de Poitiers. Elle ne fera rien pour creuser encore plus l’écart entre les réformateurs et les militants se réclamant d’une gauche plus conventionnelle. Il y aura certes un débat idéologique, mais il ne mènera sûrement pas à un divorce. Le PS se trouve, comme nous le tous, dans une situation difficile. D’une part il se doit d’être solidaire avec le président de la république et son premier ministre, de l’autre il a peur de perdre les atouts sociaux qui l’ont toujours caractérisé. Faut-il être pragmatique ou visionnaire ? C’est toute la question. Lorsqu’on maintient les rennes du pouvoir, le quotidien prend de plus en plus de place, il peut même être très pesant, comme c’est le cas aujourd’hui. Les membres du parti savent parfaitement bien que ce dernier aura de très grandes difficultés de rassembler une majorité, à moins qu’un miracle se produit. C’est vrai, il y a eu plus de couacs que de satisfactions. La politique menée par l’Élysée et Matignon pour redresser les finances, ont éloigné le PS de ses idéaux de solidarité. Sa clientèle est déçue, parfois même dégoûtée. Le résultat des élections précédentes en témoigne.
Il est utopique de mener de front une politique restrictive et une autre où les prestations sociales devraient être placées en première ligne. Ce n’est pas possible. Après l’héritage désastreux laissé par Nicolas Sarkozy, il était totalement impératif de remettre les horloges à l’heure. Une mission presque impossible dans un contexte économique revu à la baisse. Malgré des mesures nécessaires, la popularité de la gauche est en chute libre. D’où le devoir pour le PS de revoir sa copie. Il est à craindre que ce soit trop tard. Peut-être que l’histoire sera plus clémente envers François Hollande, mais cela ne lui servira à rien actuellement. Bien sûr, il y a eu de graves problèmes de communication. Le Président aurait dû, après avoir fait l’état de lieux peu après son élection, mettre les cartes sur table. Il aurait fallu informer mieux le grand public des sacrifices à faire. Mais une fois de plus il a hésité à le faire, ne voulant pas donner un coup de blues au peuple français. Filtrer les mauvaises nouvelles au compte-goutte, a été une grave erreur qui nuit aujourd’hui à sa majorité. D’autre part le PS n’a pas été en mesure, comme beaucoup de partis de la gauche européenne, de se donner une identité plus moderne, plus dynamique. Il se campe encore sur une image de marque qu’on pourrait qualifier de rétrograde. Il ne s’agit pas de tuer des idéaux qui caractérisent la gauche tout entière, mais de les adapter à la situation actuelle. Des compromis qui peuvent certes faire mal, mais qui sont du point de vue électoral nécessaires. Ce serait un chantier colossal qui impliquerait une nouvelle définition des valeurs de la République. Aborder une telle remise en question fait peur. Le Chancelier Schröder avait pris le parti de le faire, mais cela lui a coûté sa tête. Je ne connais guère de politiciens qui seraient prêts à faire de tels sacrifices. Il est évident que le parti serait écarté du pouvoir pour un certain temps. Plus de postes bien rémunérés, plus de gloire éphémère. C’est pourquoi il est à craindre que le congrès n’apportera rien de nouveau. Qui aurait la force de le faire ? En ce moment je ne vois personne !
pm