Les jeunes boivent de plus en plus, telle une statistique qui vient de paraître. Quelles en sont les raisons ? Peut-être la peur d’un avenir guère prometteur ou tout simplement par ennui. Pour pouvoir lutter contre ce phénomène inquiétant il faut s’attaquer aux causes et se poser la question qu’elle qualité de vie leur apportent la génération des parents. Le matérialisme joue qu’un rôle subalterne à mon avis. C’est plutôt une question d’identité, la recherche de savoir qui on est, quel but, s’il y en a encore un, il faut suivre. Ce n’est pas en soudoyant les jeunes qu’on arrangera quoi que ce soit. Chaque homme a besoin d’idéaux pour survivre. Il veut trouver de la satisfaction dans ce qu’il fait. Mais dans une société qui ne se définit plus que par le luxe, cette recherche vitale est chloroformée. Il faut dire qu’elle gêne un système qui se définit que par un certain bien-être, qui se leurre en mettant sur un piédestal le principe de la perfection physique au dépend de celle de l’esprit.
L’amour en prend un sacré coup, car il est lié à des performances pécuniaires. Si la personne concernée ne fonctionne pas comme prévu, elle tombe dans la trappe. Quelle autre solution que de se griser afin de s’esquiver, d’ignorer la réalité ? Lorsque chaque jour les médias affirment que les chances de s’épanouir se rétractent de plus en plus, ce n’est pas très motivant. Il y a aussi la crainte que les moyens pour créer une famille ne suffisent souvent pas, que la solitude est une menace concrète. Mais il y aussi l’envie de considérer la vie comme une fête continuelle, ce qu’elle n’est pas. Le fossé entre la réalité journalière et le monde des illusions se creuse de plus en plus. Les jeunes le savent et sont enclins à se saisir de la bouteille pour ne pas devoir l’admettre. Dans nos société l’alcool est encore toujours considéré comme un acte de maturité. Celui qui supporte une consommation dépassant la moyenne est considéré comme un champion. Des joutes absurdes qui mènent dans un cul-de-sac. Mais ce n’est pas en faisant acte de répression qu’il sera possible de raisonner les jeunes. Il est évidant que ce problème doit être thématisé, qu’il faut obtenir des réponses claires. Il n’y a qu’à lire Émile Zola pour se rendre compte que l’alcoolisme est du à un mal-être. Il ne peut qu’apporter un soulagement de courte durée, mais ne réglera pas la cause d’un malaise qui se généralise de plus en plus. Ce qui est encore plus inquiétant dans cette situation, c’est le fait que ceux qui se grisent deviennent de plus en plus jeunes. Comme l’alcool n’est pas une drogue défendue, il n’y a pas de raison de s’en passer. Mais ne tombons pas dans l’hystérie de la prohibition comme l’Amérique l’a connue dans les années vingt et trente. Elle n’a rien arrangé, bien au contraire. L’attrait du fruit défendu, comme c’est le cas des stupéfiants, a eu l’effet contraire. Nous avons affaire à un problème mental dont une des causes est l’exclusion. L’exemple du contrôle aux portes des clubs est un symbole significatif de ce qui se passe autour de nous. Il y a une sélection continuelle qui peut rendre fous tous ceux qui sont exclus. La violence est constamment au rendez-vous pour éloigner tous ceux qu’on a rejeté parce qu’ils ne correspondent pas à l’image souhaitée par une élite. Un apartheid social qui mène forcément à des abus.
pm