L’opposant russe Boris Nemtsov a été abattu par balle dans la nuit de vendredi à samedi au pied du Kremlin. Il était en compagnie d’une jeune ukrainienne. Il s’était opposé à l’annexion de la Crimée et avait critiqué l’attitude de Vladimir Poutine dans le Dombass. L’ancien vice-premier ministre de Boris Eltsine était une figure de proue pour tous ceux qui remettent le régime actuel en question et qui luttent pour plus de démocratie. La preuve qu’il est dangereux d’élever sa voix sur les bords de la Moskova. Son élimination n’est probablement pas à mettre au compte du maître du Kremlin ; elle doit plutôt l’embarrasser. La raison pour laquelle il fera tout pour retrouver le ou les responsables de cet attentat.
Ce crime démontre à quel point la situation est tendue en Russie. Les gouvernants rencontrent dans tout le pays une vague d’approbation en ce qui concerne le conflit ukrainien. Depuis l’opposition nage à contre-courant. Elle est accusée de faire le jeu de l’occident, en particulier des USA, ce qui est considéré comme étant une attitude antipatriotique. Dans de telles conditions elle a de la peine à se faire entendre. La mort de Boris Nemtsov la ravivera peut-être, ce qui ne peut pas être du goût du Président. Lorsqu’il parle d’une provocation, il est possible de croire de tels propos. Une chose est néanmoins sûre, cet événement ne calmera pas les esprits, ce qui serait indispensable dans la situation que nous connaissons actuellement. L’élimination de tous ceux qui émettent ouvertement des messages différents n’est pas une preuve de souveraineté. Vladimir Poutine le sait et fera tout pour estomper une telle image. Lorsqu’on fait un retour en arrière dans l’histoire russe, on s’aperçoit rapidement que de telles méthodes ont toujours été appliquées. Peut-être la preuve que le peuple a de la peine à assimiler les règles de la démocratie, où l’esprit de tolérance devrait être de mise. Dans un pays où le pouvoir se concentre dans quelques mains, la contestation fait désordre. Tant que l’économie tient le cap il est possible de calmer les esprits en soudoyant les classes privilégiées. Ce qui dans le contexte actuel devient de plus en plus difficile. Dans de tels cas les responsables politiques ont la tendance d’employer l’outil de la peur. Le but est d’intimider tous ceux qui feraient acte de révolte. Peut-être est-ce la cas en ce qui concerne Boris Nemtsov. En écrivant ces lignes je prends conscience à quel point il est difficile pour un occidental de comprendre ce qui se passe. Émettre des analyses issues de l’émotion qu’on ressent dans de tels cas, ne serait pas sérieux. N’oublions pas que les Russes sont maîtres en ce qui concerne le jeu d’échec. Toute leur attitude est complexe. Elle ne peut pas se résumer à une déclaration de presse. On peut seulement en déduire que des éléments perturbateurs ont tout intérêt de provoquer une vague de répression. Le Kremlin doit craindre qu’elle puisse avoir l’effet d’un boomerang. D’où la nécessité absolue de trouver au plus vite les auteurs de cet attentat. Ils devront alors servir de bouc-émissaires et faire croire qu’ils ont agi de leur propre chef ! Comme d’habitude !
pm
