Je ne vais pas faire l’apologie de la remise des Oscars. Ni faire la critique des choix. Je vais plutôt m’atteler à l’esprit de compétition qui semble tous nous animer. La volonté d’être toujours le meilleur, de dépassé d’une courte tête les concurrents. Mais à quoi rime ces joutes ? Ont-elles un sens ? De tels événements sont parfaitement arbitraires lorsque les dollars sont en jeu ; c’est le cas dans toutes les formes de compétitions, quel que soit le cas. Ce sont souvent les œuvres méconnues qui ont une valeur universelle. Je pense à Proust qui a eu bien du mal à être publié. La seconde chose qui me gêne autour de ce cher Oscar, c’est le tam-tam publicitaire. Le tapis rouge et les toilettes des divas sont plus importants que les films projetés. Le cinéma-vedette a toujours existé, mais il devient à mes yeux insupportable lorsque seul le business est en jeu. À l’encontre de Los Angeles, je trouve le festival de Cannes bien plus crédible. Il en va avant tout des projections, ce qui ouvre la porte à des cinéastes inédits.

OK, il s’agit d’un rite et il faut le considérer comme tel. Mais lorsque cette psychologie est reprise par le monde politique, elle devient obsolète. Lorsque les leaders vont d’un point du globe à l’autre avant tout pour être pris en considération par la presse, ils ne font pas leur boulot. Du temps où j’étais actif dans mon métier de journaliste je détestais me rendre à des conférences de presse, parce que j’avais toujours l’impression de me trouver dans une mauvaise pièce de théâtre. Des phrases creuses qui n’ont qu’un but : faire de l’épate. Je ne voulais pas être complice d’une telle comédie. Des interviews personnelles sont de loin plus effectives ! Revenons à Los Angeles. Il est probablement nécessaire que de telles manifestations aient lieu. Le public est de plus en plus confronté à un choix indescriptible de films et ne sait plus ou donner la tête. Il est dépendant de l’avis de soi-disant experts et y croit dur comme fer. Lorsque le tout est couronné par une statue laide comme un pou, il croit faire le bon choix en allant au cinéma. Le consommateur a de plus en plus de mal à avoir une opinion personnelle. Pour ne pas se désavouer il préfère être manipulé. Puis il y a encore le rêve de pouvoir avoir accès à une société privilégiée, celle des stars ! Idéaliser l’argent, le superflu telles sont les sentiments qui animent parfois les défavorisés. Prendre part à la télé à une fête à laquelle il ne participeront jamais. Mais c’est l’impression qui compte ! Un peu comme les mariages des « Royals » qui ont pour but d’aveugler le peuple, de lui faire oublier les fins de mois difficiles. Je ne suis pas tout à fait exempt de ce genre de virus. Peut-être le besoin de me réfugier dans des futilités, de tourner le dos à tous les drames quotidiens. Un peu de glamour ne peut pas faire de mal lorsqu’on est conscient que c’est de la poudre aux yeux. Dans un tel contexte je pourrais encore accepter la remise des Oscars. Mais je dois avouer qu’elle m’exaspère toujours à nouveau. Mais la remplacer par quoi ? La cérémonie des remerciements à maman, à papa, à tante Amélie fait partie de cette comédie plus ou moins vide de sens. Peut-être une nécessité pour supporter les horreurs qui nous assaillent, comme celles des décapitations des assassins de l’État Islamique.

pm

http://oscarscesars.blog.lemonde.fr/2015/02/23/oscars-2015-alejandro-ou-richard-benedict-ou-eddie-de-toute-facon-julianne/

Pierre Mathias

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