Ce qui se passe en Ukraine ressemble à une partie de poker menteur. Les dirigeants des pays signataires de Minsk prétendent haut et fort qu’ils sont pour le respect de l’accord qu’ils ont négocié toute une nuit. À voir ce qui se passe sur le terrain, on pourrait en douter. Maintenant les troupes des séparatistes semblent vouloir s’emparer de Marioupol. Où s’arrêtera la curée ? La situation est plus que précaire parce que les forces en présence sont inégales. Les uns se sentent confortés par les victoires qu’ils glanent depuis quelques jours, les autres sont humiliés. Cela ne prédit rien de bon.

Un tel déséquilibre avive les appétits. Allez dire à un rapace d’épargner ses victimes ? Dans un tel contexte la critique des parlementaires britanniques concernant la gestion de la crise par l’UE n’est pas dénuée de fondement. A-t-on voulu conférer à Vladimir Poutine un profil qu’il n’a pas ? Croire qu’un essor économique puisse transformer un autocrate en un démocrate était plutôt naïf. Par son caractère il ne peut qu’approuver un renouveau militaire de la Russie. On avait après la chute du mur de Berlin prétendu que les armées étaient en état de décomposition. Ce n’est pas vrai comme on peut le constater. Cela serait plutôt le cas du côté de l’occident. À part les Américains, nous avons guère de moyens de nous défendre. À force de rogner les budgets de la défense, nous sommes faibles vis-à-vis du maître du Kremlin. Il le sait et c’est la raison pour laquelle il s’est engagé dans une partie de poker menteur. Mais ce n’est pas seulement dans le domaine militaire que l’UE montre des déficits. L’économie et les finances de bien des pays ne sont pas au beau fixe. Nous sommes en train de faire le ménage pour arriver à enrayer le chômage. Dépenser moins pour réduire les déficits est une chose, maintenir une force de frappe pour se prévenir contre des attaques, une autre. Angela Merkel sait parfaitement bien pourquoi elle ne veut pas « régler » le conflit ukrainien par les armes. Elle ne les a pas ! C’est aussi simple que cela. Je ne suis vraiment pas partisan de l’épreuve de force, mais je dois reconnaître que sans pression il sera difficile de dompter les séparatistes du Donbass. Comme probablement Vladimir Poutine, ils ne comprennent que le vocabulaire de la force. Et comme on le sait il s’exprime que par les armes. Si Marioupol était la cible de nouvelles attaques, nous serions complètement dépourvus de moyen de pression. L‘ Union Soviétique a aussi connu un marasme économique, cela ne l’a pas empêché de mener pendant des décennies la guerre froide. Il est facile d’émettre des critiques envers l’UE, mais si les moyens manquent pour revoir sa copie, cela ne peut qu’être un exercice dialectique. Il faut se faire une raison : nous sommes dans un état de faiblesse qui ne présage rien de bon pour l’avenir. Négocier dans un tel état ne peut pas aboutir à des résultats solides. C’est ce que nous vivons aujourd’hui.

pm

http://www.lemonde.fr/europe/article/2015/02/20/ukraine-un-rapport-britannique-accable-la-gestion-europeenne-de-la-crise_4580167_3214.html

Pierre Mathias

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