Devant les dirigeants de l’UMP réunit samedi à Paris, Nicolas Sarkozy s’est exprimé sur la politique menée par Vladimir Poutine. Ces déclarations ont été, pour le moins qu’on puisse dire, marquées pas « beaucoup de compréhension » en ce qui concerne la Crimée et l’Est de l’Ukraine. Il semble trouvé légitime que le maître du Kremlin est annexé « une terre qui depuis la nuit des temps » appartient à la Russie. C’est bien possible, mais malgré tous les arguments positifs, cet acte est illégal en ce qui concerne le droit international. On a de la peine à s’imaginer que l’Allemagne revendique à nouveau l’Alsace et la Lorraine en arguant que la population était à l’origine germanique. La guerre de 1870 a été le début des grandes catastrophes qui ont marqué l’Europe et le monde tout entier. L’ancien président devrait avoir plus de sensibilité historique. Je lui reproche de cautionner ce que je nommerais tout d’abord un rapt.

Il est évident que ce qui s’est passé avec la Crimée avait été arbitraire. Le 19 février 1954, Nikita Khrouchtchev, Premier secrétaire du Comité central du parti communiste de l’Union soviétique confirme que la presqu’île soit rattachée à l’Ukraine. Probablement parce qu’il était originaire de cette république. On peut peut-être déplorer une telle décision, mais ce n’est pas une raison « d’opérer des corrections » d’une manière musclée. « Le retour au bercail » aurait du être négocié. Peut-être en contrepartie d’un traité d’autonomie à l’Est de l’Ukraine ? Ce qui s’y passe est tout à fait différent. Vladimir Poutine soutient la révolte et attise ainsi le conflit. Nicolas Sarkozy a prétendu que c’était l’Ukraine qui était vindicative et qui s’attaquait à la population locale. Une thèse soutenue aussi par Marine Le Pen. Je trouve une telle thèse plus que dangereuse. Bien sûr il y a de part et d’autre des réactions belliqueuses, mais il faudrait garder la tête froide dans une telle situation. Je ne suis pas un pro-Ukrainien, je sais qu’il y a un nationalisme tenace dans ce pays, mais si la France veut arriver à un compromis elle doit faire un état des lieux. Il ne parle pas forcément en faveur de la Russie. C’est ce que l’ancien président aurait dû remarquer. Quelle est la raison de telles déclarations ? Je pense que Nicolas Sarkozy fait du clientélisme. Il essaie de rallier des partisans du FN opposés à l’Atlantisme et cherche ainsi à gagner des points. Une démarche plus que périlleuse, soutenue aussi par la gauche radicale en Europe. Tout en n’étant pas un supporter inconditionnel de l’Otan, je trouverais opportun de ne rien faire pour déstabiliser encore plus un continent qui se trouve confronté à une forte bourrasque. J’aurais attendu du leader de l’UMP un peu plus de doigté. Ne remarque-t-il pas qu’il est de plus en plus difficile de le prendre au sérieux ? Si l’opposition de la droite démocratique se laisse entraîner par les thèses nationalistes de Poutine, on ne peut plus la prendre au sérieux. Pourquoi ne pas voter tout de suite Marine Le Pen ? Ce qui se passe ici est la tentative désespérée de saisir une branche pour se sauver des eaux. Au lieu de marquer son indépendance, Nicolas Sarkozy fait allégeance au maître du Kremlin. Un signe évident de faiblesse, signe avant-coureur du désarroi qui doit régner au sein de son parti. Un sauve-qui-peut qui ne peut qu’aboutir dans le néant.

http://www.lemonde.fr/europe/article/2015/02/09/crise-ukrainienne-nicolas-sarkozy-reprend-la-rhetorique-du-kremlin_4572863_3214.html

Pierre Mathias

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