Êtes-vous déjà entré dans un lieu de prières en banlieue ? Pendant des années j’ai eu l’occasion d’y être invité, mais c’était d’autres temps. Jusqu’au début du 21ème siècle, l’accueil pour une équipe de télévision était aisé. Les jeunes étaient contents qu’on prenne note d’eux, qu’on les écoute. Ce n’est qu’avec la venue de prédicateurs originaires du Soudan ou de la péninsule arabe que l’ambiance s’est gâtée. Tout d’abord de la méfiance et peu après le rejet. Je ne veux pas accuser les services spéciaux de ne pas avoir fait leur travail. Je suis sûr, que dans le cadre des moyens qui leurs étaient mis à disposition, ils ont tout fait pour glaner des renseignements. Mais comment s’y prendre lorsque le nombre d’extrémistes augmente de plus en plus ? Une observation efficace demande un « accompagnement » 24 heures sur 24. Lorsque j’ai appris qu’il faudrait avoir à disposition 25 agents pas suspect, j’ai été tout d’abord surpris. Un peu moins lorsque je me suis attelé aux détails. En comptant les heures de sommeil, les jours de congé et les vacances, ce chiffre est tout à fait réaliste. Il est évidemment facile de faire des critiques, mais où prendre les moyens ? Pour entrer dans ces milieux, cela demande beaucoup de temps et de doigté. La méfiance de l’environnement familial envers la police est grande. Même si les familles n’approuvent pas le comportement d’un de leurs membres, ils ont du mal à les dénoncer. Et même s’ils le voulaient, ils doivent s’attendre à des représailles qui peuvent leur coûter la vie. C’est une approche à longue haleine, trop longue pour désarmer des terroristes prêts à sacrifier leur existence. Les moyens classiques ne peuvent pas freiner l’ardeur meurtrière des djihadistes. Lutter contre le fanatisme est plus que délicat, car ce dernier entraîne un grand nombre de jeunes dans son sillage. Bien sûr il est possible d’améliorer certaines mesures, mais on n’empêchera pas pour autant les attentats. Une commission d’enquête parlementaire va se pencher sur ce qui s’est passé, mais sera-t-il possible d’arriver à plus d’efficacité ? Grâce à des actions de désinformation des milieux islamiques, il est possible de focaliser les agents sur certains individus pendant que d’autres seront actifs et continueront à tuer. Ne nous faisons pas d’illusions. Il est impossible d’assurer une sécurité plus grande, d’autant plus que nous avons affaire à des groupuscules indépendants par rapport au terrorisme international. C’est la forme la plus perverse de la guerre moderne. L’anarchie qui règne actuellement me rappelle le démantèlement du clan Guérini à Marseille. Plus de parrains pour négocier des trêves. Les petits voyous ont pris le haut du pavé et ont rendu la ville de plus en plus invivable. Impossible de savoir d’où les menaces viennent. Le résultat : un grand nombre de victimes agressés sans raison évidente. Le phénomène actuel est comparable, d’où le déficit des renseignements généraux.
pm