Une fois de plus le Pape me plaît beaucoup. Lors d’une cérémonie de vœux, il a émis des critiques acerbes contre l’attitude de la Curie. Il est connu que cette institution est d’un conservatisme sectaire, qu’elle pense principalement à ses prérogatives au lieu de chercher à faire avancer l’Église dans le 21ème siècle. Ses cardinaux, dans leur grande majorité, se sont détachés des aspirations des croyants. La conséquence : de plus en plus de catholiques tournent le dos à la religion. Au lieu de réfléchir à ce phénomène, on se pose plutôt la question qui est détenteur du pouvoir, qui a le plus d’influence. Cela mène à des intrigues, à un harcèlement moral. Des faits connus mais jusqu’alors impossibles à écarter. Plus d’un Pape a été lui-même victime de ce système. J’admire le courage de François d’avoir fait publiquement une telle analyse et fustigé des dignitaires qui devraient être depuis longtemps à retraite. Il est clair que le Vatican doit mettre le plus rapidement possible des réformes sur les rails, ne plus se comporter comme il l’avait fait avec Copernic. Les cardinaux doivent enfin se rendre à l’évidence que le monde bouge, qu’il le veuille ou non. Dans une époque comme la nôtre où il y a une crise des valeurs, l’Église devrait donner l’exemple d’une ouverture, d’un rapprochement avec des hommes en chute libre. Au lieu de parler constamment de dogmes, elle devrait se référer à l’Évangile, où l’amour du prochain et la solidarité ont la priorité absolue. Ce n’est pas en menant des guerres intestines qu’ils soulageront la misère. Le Pape le sait depuis toujours. Mais allez dire cela à des « princes de l’église » qui s’accrochent à des critères d’un autre temps. N’ont-ils pas compris que l’absolutisme est une relique du passé. Que toute dictature ne mène qu’à l’injustice, que seule la démocratie est en mesure d’apporter aux hommes le respect qui leur est dû. Les paroles sont une chose, l’action une autre. Je ne peux qu’espérer que François pourra mettre en route un processus qui aboutira à des réformes pouvant donner aux croyants une nouvelle motivation. Sans remettre en question les fondements de la spiritualité, il est nécessaire de prendre en compte les paramètres de la vie d’aujourd’hui. Il est plus important que jamais que l’Église dans son ensemble soit tolérante, qu’elle accepte les aspirations des uns et des autres, tant qu’elles ne se situent pas en dehors de la parole du Christ. Je ne demande pas au Vatican de faire du clientélisme, mais de faire régner la tolérance dans le dialogue, tel que le Seigneur nous l’a enseigné. Le Pape a donné une première contribution ; pourvu que tous ceux qui l’entourent se remettent en question. Il m’est permis d’en douter ! Il n’y a rien de plus périlleux que de désincruster un système figé sur lui-même.

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http://www.lemonde.fr/europe/article/2014/12/22/alzheimer-spirituel-narcissisme-le-severe-proces-du-pape-fait-a-la-curie_4545034_3214.html

Pierre Mathias

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