Même si Vladimir Poutine le voulait, il ne pourrait pas faire marche-arrière en ce qui concerne le conflit ukrainien. Il en est de même pour les occidentaux. À Milan il y a eu certes des rencontres entre tous les protagonistes de cette triste histoire, mais que faire lorsqu’une situation s’enlise à ce point ? Créer un État libre ? Je ne crois pas que cela pourrait changer grand chose. L’atout dépasse de loin cette région. Il en va – comme pendant la guerre froide – de l’hégémonie en Europe. Après la chute du mur de Berlin la Russie s’effrita. Les structures jusqu’alors assez solides s’écroulèrent comme un château de cartes. Une certaine anarchie s’institua. L’occasion pour certaines républiques – comme l’Ukraine ou les pays baltes – de prendre le large. Au sein même de la Russie une résistance islamique crée des troubles et commet des attentats. Vladimir Poutine se devait de freiner une évolution qui aurait mené le pays à la ruine. Il se devait de redonner au Kremlin la puissance nécessaire pour redresser la situation. Cela ne pouvait que se réaliser avec une poigne de fer. Cela explique pourquoi Poutine agit de la sorte. C’est avant tout une affaire intérieure. S’il avait été faible, la Russie aurait probablement sombré dans le désordre. Tout cela ne justifie pas l’agression menée contre l’Ukraine mais permet de mieux comprendre ce qui se passe. Dans un tel contexte je vois mal quelle solution pourrait être la bonne. Ne nous faisons pas d’illusions, revenir en en arrière n’est plus possible. Les territoires de l’Est sont définitivement perdus pour le gouvernement de Kiev. Devrons-nous vivre avec un statu quo ? Je le crains. Les armes ont parlé et une fois de plus imposé une solution bancale. Un bras de fer entre l’Est et l’Ouest serait la plus mauvaise alternative parce qu’elle aboutirait dans un bourbier. D’autre part nous ne pouvons pas accepter un tel rapt. C’est une question de morale politique.
pm