Pierre Gattaz a beau vouloir calmer les esprits, mais le scénario est toujours le même: le fossé est toujours aussi profond entre le patronat et les travailleurs. Le président du Medef ne pourra pas inverser une situation qui dure depuis l’époque de l’industrialisation au 19ème siècle. C’est un mal qui cause un tort considérable à la France. Une telle attitude des partenaires sociaux ne peut que déboucher sur la régression économique et sur un déclin social. Les tensions contre le gouvernement n’apportent rien. Jean-François Roubaud, le président de la CGPME, attise la braise et appelle ses troupes à manifester. Il oublie que les chefs d’entreprises doivent bénéficier jusqu’en 2017 de 41 milliards de réductions des charges et des impôts. Mais dans l’atmosphère actuelle il paraît être vain d’appeler les troupes à la raison. Le pacte de solidarité n’apporte pour l’instant pas les résultats escomptés. Ne nous faisons pas d’illusions : le dégraissage est de mise. Il est plus facile de congédier des travailleurs que de trouver des solutions adéquates pour tous les intéressés. C’est du court terme ! Si le pouvoir d’achat baisse de plus en plus, il sera impossible de faire redémarrer les affaires. N’oublions pas que les PME en particulier sont plus dépendantes du marché intérieur que les multinationales. Il serait très urgent de changer le fusil d’épaule. Il est trop aisé d’imputer tous les maux à la gauche. Je pense que la crise est en partie due à des mentalités datant de la nuit des temps. Mais que faire pour faire évoluer un état d’esprit qui ressemble à la gangrène ? On ne peut pas rejeter les plus démunis, les acculer à la disette. Je suis tout à fait conscient que le système social est en train de vaciller, parce que beaucoup « d’ayant-droits » se sont résignés et ne cherchent plus un gagne-pain. Il y a un grand nombre d’assistés, ce qui pèse de plus en plus. Je pense que les patrons et les syndicats devraient se remettre en question. Lorsque la misère est au seuil de la maison, toutes luttes dogmatiques sont de mauvais aloi. À l’encontre de l’Allemagne où patrons et travailleurs cherchent depuis des décennies des compromis, personne n’est prêt ici à enterrer la hache de guerre. Le miracle économique de la République Fédérale repose en très grande partie sur le consensus. Lorsque les caisses sont vides, il ne sert à rien de revendiquer de plus en plus. Il faut garder la tête froide et trouver des solutions valables pour tout le monde. Pierre Gattaz y arrivera-t-il ? Il faut l’espérer.
pm