Accepter la mort assistée est un pas politique qu’il faut considérer dans son ensemble. L’euthanasie peut apporter un soulagement à tous ceux qui souffrent de maladies incurables, mais elle est aussi une porte ouverte à des abus, comme c’était le cas avec l’élimination des malades mentaux lors du 3ème Reich. Ne nous faisons pas d’illusions, elle est souvent un moyen de pratiquer l’eugénisme. Lorsque Platon prétendait que la société ne peut survivre qu’avec des êtres sains et forts, j’en attrape la chair de poule. Sparte a démontré qu’un tel État court à la longue à l’échec. Lorsque l’homme manipule la nature, il devient souvent un criminel, parce que c’est la loi des plus puissants qui s’impose. C’est la raison pour laquelle je m’oppose à l’euthanasie comme elle est pratiquée en Belgique et aux Pays-Bas. Je suis assez lucide pour me rendre compte que de telles mesures peuvent mener un jour à la rampe d’Auschwitz, où le médecin de la mort, Josef Mengele, prenait le droit de décider qui peut continuer à vivre ou pas. Les partisans de la mort assistée me répondront que ce n’est pas dans leurs intentions d’en arriver là. Je le sais, mais tout assouplissement légal est source d’abus. Ne soyons pas trop crédules, des mesures humanitaires peuvent rapidement servir à d’autres fins. La députée des Verts, Véronique Massonneau, le sait, mais elle veut qu’il y ait débat à l’Assemblée nationale à ce sujet. Elle sera sûrement suivie dans ses arguments pas de nombreux collègues. Je trouve bon qu’il y ait une discussion contradictoire. Cela pourra probablement décanter certaines thèses trop idéologiques. À une époque comme nous la connaissant actuellement, où le racisme gagne malheureusement du terrain, il faut que la politique considère toutes décisions dans un contexte plus global. On a beau mettre en place des gardes-fous qui empêchent de pratiquer l’euthanasie médicale à tout va, il y aura toujours des dépassements dangereux. La mise en place d’un codex éthique peut à tout moment être manipulé et servir à des causes politiques. La raison pour laquelle je ne suis pas un partisan de la demi-mesure. Il faut tout faire pour atténuer les douleurs d’un mourant. Nous en avons les moyens ! Mais lui donner une piqûre létale est autre chose. Un autre aspect pour justifier mes thèses, c’est l’euthanasie économique. Il est dans l’intérêt des assurances que des malades meurent rapidement. Aussi un bon argument pour arrêter les soins tant que la mort assistée n’est pas légale. À tout cela je dis non ! Je suis le premier à reconnaître qu’il ne faut pas rallonger la vie inutilement. Le harcèlement thérapeutique est aussi condamnable. Puis il y aussi le commerce d’organes. Un business des plus lucratifs. La conscience en prend un sacré coup lorsque il y a possibilité de se remplir les poches. L’éthique ne pèse plus lourd dans certains cas. Des raisons en plus de ne pas assouplir les lois ! Mais cela ne se passera pas comme cela. Je pense que l’euthanasie en général sera de plus en plus appliquée.

pm

http://www.liberation.fr/societe/2015/01/28/fin-de-vie-sedition-profonde-a-l-assemblee_1190802

Pierre Mathias