Je veux parler de François Hollande. Malgré les résultats encourageants de l’économie et de sa détermination de faire passer la loi du travail, ce que je salue, il est à craindre que sa cote me monte pas dans les sondages. C’est sûrement injuste, mais une fois que le mauvais pli a été pris, il est très difficile de rattraper le chemin perdu. On fait confiance qu’à ceux qui sont en mesure de donner l’impression de réussir, qui ont de fortes gueules et qui font de l’épate. Ce sont bien moins les bilans qui impressionnent. Au cours de son interview à Europe 1, il a cité comme exemple Gerhard Schröder, qui à l’époque a imposé des lois du travail et sociales bien plus draconiennes que ce qui se passe actuellement en France. Il était un fonceur, un tribun qui au cours de sa campagne a réussi à remonter la pente auprès de son électorat. Il a perdu de peu par rapport à Madame Merkel. Aujourd’hui la République Fédérale peut s’estimer satisfaite que le chancelier d’alors ait eu le courage d’imposer des lois impopulaires. La prospérité de l’Allemagne en est une des causes. Il est évident que l’économie a besoin d’un électrochoc. Il ne va pas toujours dans la bonne direction pour les employés ou les ouvriers, mais c’est un mal nécessaire si on veut baisser les chiffres du chômage. C’est absolument prioritaire. Je pense que François Hollande sait parfaitement qu’il n’a plus rien à perdre. S’il travaille pour l’avenir, il est obligé de tenir bon ; de ne pas se laisser impressionner par la rue. Cela ne veut en aucune manière dire, que je ne comprends pas les angoisses des jeunes qui passent, nuit après nuit leur temps dans la rue pour clamer leur angoisse. Il est vrai que dans un premier temps ils risquent de ne pas être les gagnants. Mais il faut absolument voir ces mesures dans un contexte plus élargi, qui englobe tout aussi bien le passé que l’avenir.

Comme je l’ai déjà écrit dans cette rubrique, je trouve que le gouvernement n’est pas allé assez loin. Ce qui est la cause de la prospérité de l’Allemagne, c’est une participation active des salariés dans la vie des entreprises. Ils représentent la moitié, moins un, des membres des conseils de surveillance et sont très actifs aussi sur le plan financier que stratégique. Les comités d’entreprises sont tout puissants et peuvent faire la pluie et le beau temps. Rien ne se fait contre leur assentiment. C’est ce qui manque indéniablement à la loi du travail. Si les protestataires avaient eu une perspective identique à leurs collègue d’outre-Rhin, ils y verraient des perspectives. Lorsqu’on est assez puissant au sein de l’entreprise, il est possible de régler bien des conflits à ce niveau-là. Malheureusement on en est loin. Je pense qu’il aurait fallu coupler d’une part certaines restrictions avec l’ouverture dont je parle. Il faut absolument responsabiliser tous ceux qui contribuent au bien d’une maison. Revenons en Allemagne : l’agenda 2010 de Schröder est encore toujours en activité. Cela a été possible, malgré les récriminations justifiées, grâce à la participation. François Hollande, même s’il ne passait pas le cap en 2017, ferait bien d’aller un pas plus loin. Malgré une bonne détermination, je crains pour lui, que son image un peu badine lui colle à la peau et déterminera de son avenir. La politique est bien cruelle !

pm

http://www.lemonde.fr/politique/article/2016/05/17/francois-hollande-ne-cedera-pas-sur-la-loi-travail_4920565_823448.html

Pierre Mathias

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