Six personnes hospitalisées, dont une dans un état désespéré à Rennes C’est le triste bilan d’un test effectué sur l’être humain pour s’assurer qu’un nouveau médicament ne soit pas nocif. Dans ce cas bien précis il s’agit de « molécules naturelles qui régulent de nombreuses fonctions comme le plaisir, la douleur, l’appétit ou l’anxiété », précise le Pr Reynaud, addictologue à l’hôpital Paul-Brousse, à Villejuif (Val-de-Marne). Ces expériences sont nécessaires afin de faire agréer de nouveaux produits. 108 personnes ont reçu ces pilules et doivent être contrôlées. Des « cobayes » en parfaite santé, qui en porteront des séquelles terribles. Mon but n’est pas de rentrer dans les détails de ce drame. Il est effectivement assez rare que des accidents soient révélés au grand public. Allez savoir ce qui se passe effectivement. Les personnes qui se prêtent à de telles expériences le font souvent à cause de l’argent. On leur fait croire que c’est anodin. Souvent ils ne sont pas mis au courant des vrais visées de certains tests. En ce qui concerne les antidépresseurs, un cas à Munich a fait il y a des années la une de la presse. Dans la clinique universitaire de psychiatrie, des patients ont dû prendre des substances qui déclenchaient des crises d’angoisse terrible. Ceci pour savoir de quelle manière l’être humain réagit dans de tels cas. Il s’agissait de données dont le ministère de la défense avait soi-disant besoin. Était-ce pour améliorer les effets pervers de la torture ? Nous nous trouvions alors en pleine guerre froide. Le fait est que des psychiatres ont ainsi violé les conditions mêmes de l’éthique médicale. Mais comme cet exemple le démontre bien, le but initial peut être détourné. À l’époque tout se déroulait sous le couvert d’une action ayant pour but de mettre sur le marché un médicament nouveau. Je ne vais pas accuser les médecins à Rennes d’avoir agi d’une manière semblable, loin de là, mais je remets en question certaines pratiques. Je sais que chaque médicament nouveau doit passer par des tests draconiens, pratiqués aussi sur des hommes.

Cela ne veut pas dire que ces actions ne me mettent pas mal à l’aise, au contraire. Je sais que dans bien des cas l’information données aux cobayes est assez rudimentaire. Si on disait la vérité, il y aurait probablement de grandes défections. Que l’on veuille ou pas, ce sont des atteintes à l’intégrité morale de tout être vivant. Ceux qui s’opposent aux expériences pratiquées sur les animaux, devraient aussi se pencher sur de tels problèmes. Mais ne nous leurrons pas, il ne peut pas y avoir de progrès sans exposer certains à des risques élevés. L’accident de Rennes devrait nous faire réfléchir. Il ne s’agit pas de stopper la science, mais de la placer dans un cadre éthique acceptable. L’occasion peut-être de nous faire réfléchir aux sacrifices exigés. Il sera probablement nécessaire de prendre des mesures de sécurité encore plus efficaces. Peut-être renoncer à des produits qui ne seraient pas de première nécessité, comme ceux de l’esthétique. Il faut faire un choix et exiger que ce ne soit pas le business qui régisse de telles expériences. On en est loin !

pm

http://www.lemonde.fr/societe/article/2016/01/15/essai-therapeutique-a-rennes-un-volontaire-en-etat-de-mort-cerebrale_4848001_3224.html

Pierre Mathias

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