D’après le dernier bilan, l’attentat à la bombe piégée de Bangkok aurait fait 21 morts et 123 blessés. La junte militaire au pouvoir a annoncé qu’elle avait les premiers suspects dans le collimateur., mais sans les nommer. Trois alternatives pourraient être probables. La première : des activistes musulmans seraient à l’origine de cet attentat. Dans le Sud de la Thaïlande une guerre de religion fait rage et a fait plus de 6500 morts depuis 2004. La population y est à 80% d’origine malaise et pratique l’islam. Elle aimerait provoquer une sécession, qui est violemment combattue par le régime du général Prayuth Chan-ocha, Premier ministre et chef de la junte qui dirige le pays depuis le coup d’État de mai 2014. La deuxième possibilité viserait les Chemises rouges de Thaksin Shinawatra, dont la sœur, Yingluck, dirigeait le gouvernement renversé lors du putsch. Jusqu’à présent les partisans de l’ancien premier ministre marquaient leur résistance par rapport aux militaires au pouvoir par des actions pacifiques, d’où le doute qu’ils aient pu être à l’origine de ce drame. Les troisièmes terroristes potentiels pourraient venir de factions opposées au sein de l’armée et de la police. Dans quelques heures il sera peut-être possible de voir plus clair, à condition que le gouvernement n’en profite pas de mener « une purge » pour affermir la répression.
Une chose est claire : le calme relatif qui régnait dans le pays est définitivement rompu. Il s’avère que c’était une illusion de croire que le régime actuel jouissait de l’assentiment général d’une majorité dite silencieuse. L’ordre soit-disant retrouvé est définitivement balayé. Cela nuit au tourisme, qui peu importe le système politique en place, a pour priorité l’aspect sécuritaire. La situation des populations ne le touche pas particulièrement. Les terroristes savent bien que ce sont les hôtes étrangers de la Thaïlande et les hommes d’affaires qu’il faut avant tout toucher. Leur but est de toucher l’économie nationale dans le but de provoquer des remous. L’attentat a eu lieu dans un quartier riche de la capitale, ce qui n’est pas un hasard. Une pratique qui se répand de plus en plus au niveau planétaire. C’est dans un tel contexte qu’il est possible de voir à quel point nous sommes vulnérables. Ce qui est avant tout visé de Tunisie en passant par la France, l’Irak ou par le Pakistan, est la destruction d’une société marquée par la pensée occidentale. Une lutte acerbe contre le matérialisme et prenant comme argument le fondamentalisme religieux pour chasser les marchands du temple. Un combat lâche, car il atteint des innocents. Cela a été aussi le cas à Bangkok. Une guerre qui par ses aspects pervers ne peut pas être gagnée. Nous allons nous trouver de plus en plus dans la défensive et seront obligés de nous réfugier dans des zones dites sûres. Le contraire absolu de nos aspirations libertaires. Ce qui est actuellement en lice est un profond malaise. En Thaïlande il est actuellement prouvé que ce ne sont pas des militaires bien armés qui réussiront à écarter les dangers. Les bombes à retardement passent sans trop d’encombre les lignes armées et sont à ce point de vue terriblement efficaces. Personne ne peut dire où la prochaine explosera. Le gouvernement pourra promulguer de nouvelles directives, rien n’y changera. Et la répression ? Elle ne fera qu’attiser les flammes ! La liberté en prendra un sacré coup !
pm
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